À l’ombre de mes dieux/Sieste

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À l’ombre de mes dieuxLibrairie Garnier frères (p. 14).
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SIESTE


 
Tout flambe de soleil : la rose cramoisie,
Le sapin empesé dans sa fraise à godron,
Les platanes, gardiens vigilants du perron,
Et la vigne emperlée où mûrit l’ambroisie.

La plaine heureuse et riche ondule aux environs.
Le fleuve sinueux mire la poésie
Des lointains que l’Été brode à sa fantaisie,
Et l’air sonne d’un chœur joyeux de moucherons.

Chaque heure, surgissant de sa robe de gaze,
Occupe l’Empyrée et, d’une neuve extase,
Vêt, en se dénouant, l’immobile décor.

Je n’ai pas remué du lit d’herbe où je rêve
Que déjà le croissant de la lune se lève
Et c’est la Nuit, que crible une mitraille d’or.