À l’ombre de mes dieux/Le Retour du Combattant

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Retour du Combattant.

À l’ombre de mes dieuxLibrairie Garnier frères (p. 22).


LE RETOUR DU COMBATTANT


 
L’âpre ennemi féroce a mordu la poussière.
Le vainqueur se redresse et, beau de majesté,
Après avoir lavé sa plaie à la rivière,
Redescend au village où son père est resté.

Qu’on l’acclame ! Et toi, vierge ! au seuil de la chaumière,
Reçois le fiancé, joyeux du casque ôté.
Qu’à sa vue, aujourd’hui, le foyer récupère
Ce qu’il avait perdu de joie et de santé.

C’est lui ! C’est le courage heureux ! Sa foi tenace,
Comme autrefois Orphée, écartant la menace,
A triomphé du Styx et revient des Enfers.

Bois sa bouche crispée encore de l’orage
Mais n’interroge pas ses yeux, gouffres déserts,
Où la Mort, en fuyant, a laissé son image.

Novembre 1918.