Épaves (Prudhomme)/À Sa Majesté Oscar II

ÉpavesAlphonse Lemerre. (p. 161-162).


À SA MAJESTÉ OSCAR II

ROI DE SUÈDE ET DE NORVÈGE
à l’occasion du prix Nobel


La Poésie est sainte : elle est dépositaire
Des vœux où l’homme rêve à sa plus haute fin ;
Elle fraye en son vol un sublime chemin
Au grand soupir poussé vers le ciel par la terre.

Aussi l’exemple est-il auguste et salutaire
D’un roi qui sait répondre à ce tourment divin,
Et, l’épée au côté, mais la lyre à la main,
Fonde sur l’Idéal la paix que rien n’altère.


Quand, jaloux d’inciter les âmes à l’essor,
Magnanime, un savant légua des palmes d’or
Aux vainqueurs de la nuit, aux dompteurs de la haine,

Sire, vous auriez pu revendiquer vos droits,
Pour votre beau souci d’ailer la vie humaine,
À la gloire d’un prix dans un concours de rois.