La Légende des siècles/« Tout était vision »

« Tout était vision »
La Légende des sièclesCalmann-Lévy2 (p. 231-232).

 
Tout était vision sous les ténébreux dômes ;
J'aperçus dans l'espace étoilé trois fantômes ;
Les deux premiers très-loin et le dernier plus près.
Le premier spectre dit : — Mané Thécel Pharès.
Son doigt levé montrait l'obscurité maudite ;
Il ressemblait au sphinx monstrueux qui médite
Dans Assur, accroupi parmi les dieux camards.

Le second murmura ce mot : — Ides de Mars.
Et le troisième esprit cria : — Quatre-vingt-treize.
Devant mes yeux erraient des lueurs de fournaise ;
Et, par je ne sais quel étrange changement,
Chacun de ces trois mots, au fond du firmament,
Était une des trois syllabes redoutables
D'un autre mot, écrit par Aaron sur les tables,
Et que, longtemps avant que Jésus triomphât,
Les gouffres répétaient aux gouffres : — Josaphat.