« Pareils à des oiseaux »

Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. vii).


Pareil à des oiseaux dont l’aile se colore
Aux feux de l’occident, vous irez, ô mes vers,
Raconter la douceur des printemps aux hivers
Et redire au couchant les hymnes de l’aurore.

Vous irez retracer à Celle que décore
L’immuable Beauté les maux que j’ai soufferts,
Et vous ferez sonner, jusqu’au seuil des enfers,
Des paradis perdus le chant doux et sonore.

Traversant, grands ouverts, les airs silencieux,
Vous apprendrez aux bois les caresses des cieux,
Aux brins d’herbe tremblants la tendresse des cimes.

Aux maux inconsolés vous porterez l’espoir,
Pareils à des oiseaux qui, sous les feux du soir,
Ouvrent leur aile d’or au-dessus des abîmes !