Alfred Magin-Marrens, Histoire de France abrégée, chapitre XIII 1860


Découvertes. — La boussole, la poudre à canon, le papier de linge, les lunettes, l’imprimerie, la gravure, la peinture à l’huile. — C’est d’abord la boussole, connue dès le XIIe siècle par les Génois, qui, grâce à cet admirable instrument, explorèrent, sans crainte de s’égarer, des mers jusque-là redoutées. Vient ensuite la poudre à canon, que les Chinois connaissaient dans des temps fort reculés et qui fut apportée en Europe par les Arabes. C’est donc à tort qu’on suppose qu’elle a été inventée par un moine anglais du XIIIe siècle, Roger Bacon, qu’une vaste science faisait passer pour magicien. Le premier usage bien constaté qui en ait été fait date de la bataille de Crécy. Le papier de linge, aussi en usage chez les Arabes, était employé en Europe en 1243. Les lunettes furent inventées dans la XIIIe siècle, à Florence.

Mais la plus grande et la plus importante, sans contredit, de toutes les découvertes fut celle de l’imprimerie. Par cette invention merveilleuse, le XVe siècle changea les destinées du monde en ouvrant tout un nouveau domaine à l’esprit humain, et en multipliant les livres à l’infini, au moment même où la prise de Constantinople par les Turcs chassait de cette ville tous les savants et envoyait avec eux à l’Occident les manuscrits qui renfermaient les chefs-d’œuvre de Platon, d’Aristote, de Virgile, d’Homère, etc. La découverte se fit pour ainsi dire en trois fois : Gutenberg de Strasbourg imagina d’abord vers 1440 de graver des caractères sur une table de bois, qu’il revêtait d’un enduit noir. Puis il s’associa vers 1445 à Faust et à Schœffer de Mayence, et ils fabriquèrent en bois des caractères séparés et mobiles. Plus tard enfin, ils donnèrent à ces caractères la solidité nécessaire en substituant la fonte au bois. Les premiers imprimeurs se hâtèrent de multiplier les copies des plus beaux monuments de la littérature ancienne, et fournirent ainsi de nombreux aliments aux investigations de la science.

L’art de graver sur bois et sur cuivre fut une conséquence et une imitation de l’imprimerie ; on le doit à un orfèvre de Florence. Vers le même temps, les frères Van-Eyck de Bruges inventèrent la peinture à l’huile.