François Bovesse, Ô Meuse, mon pays 1938



Ô Meuse, mon pays


Je sais, auprès de monts altiers, des eaux sauvages
Mirant leurs rocs, casqués de neige, aux pieds en fleurs.
J’ai souvent médité, parcourant leurs rivages
faits pour les fortes joies et les âpres douleurs

Et je comprends Mistral, le Rhône et la Provence
— Le poète est pareil au lieu de sa chanson —
Son pays, en son cœur, trouve sa résonance.
Qu’il soit heureux s’il en exprime le frisson,

S’il peut, un jour, en quelques vers, avec tendresse,
Comme on voudrait parler à l’enfant innocent,
Trouver des mots qui chacun soient une caresse,
de simples mots pétris d’amour, ayant l’accent.

Ô Meuse, mon pays, mon doux pays, ô Meuse,
Je t’aime pour ce qui te fait ce que tu es,
Pour chaque matinée à l’écharpe brumeuse
Où, dans le brouillard bleu, chaque jour tu renais,

Pour tes brefs horizons que cerne une colline,
Pour tes rochers moussus de verdure couverts
parés pour encadrer ta grâce féminine
et mirer leurs clartés au fond de tes yeux verts.

Parfois, tout au sommet des coteaux, singulière,
de corneilles cernée on voit, de vieux châteaux
une tour, qui subsiste, à demi, sous le lierre,
une tour sans guetteurs, où