L’Entr’acte lyonnais du 29 août 1869 (p. 2-5).

VOIX DU SOIR



Au déclin du jour, jeune fille,
Lorsqu’au balcon tu viens t’asseoir,
Derrière l’épaisse charmille,
Moi je me cache pour te voir.
Tendre interprète de ma flamme,
Chaque voix du soir, à son tour,
Ne vient-elle pas, ô chère âme !
En cet instant parler d’amour ?…


Dès que l’astre ami du mystère
Brille et sourit à l’horizon,
Entends-tu la brise légère
Frôler en chantant le gazon ?…
Entends-tu pleurer les fontaines
Dont les flots vont baiser les bords,
Et s’écoulent sous les vieux chênes
Avec de célestes accords ?…


À cette plaintive harmonie,
Concert langoureux et charmant,
Je vois, plein de mélancolie,
Ton front s’incliner doucement.
Un reflet de volupté pure
Anime ton regard divin,
Et tu sembles, de ce murmure,
Écouter l’écho dans ton sein.


C’est moi qui pour me faire entendre,
Ô belle ! viens ainsi gémir
Dans la brise au murmure tendre
Et dans l’onde au plaintif soupir…
Cette voix du soir qui t’est chère,
Ces accents au charme vainqueur,
Je les emprunte pour te plaire
Et parler d’amour à ton cœur.


Gabriel Monavon.