Vers l’amour/Enterrée vivante




Enterrée vivante




L’effroyable réveil de se voir sous la terre,
Essayant d’ébranler les murs de sa prison,
Et sachant que bientôt cette lugubre bière,
Impitoyablement, lui prendra sa raison.
… Elle pousse des cris, des sanglots de détresse,
S’arrachant les cheveux, elle tremble d’horreur,
Pensant à son aimé qui pleure avec tendresse
Celle qui fut sa joie et la fleur du bonheur.
Elle crispe ses mains, repoussant le suaire
Qui paralyse son effort épouvanté,
Dans ce sépulcre froid, tristement solitaire
Dont aucun mot ne peut dire l’atrocité.

Elle entend des pas sourds. Est-ce la délivrance ?
Dans un dernier sursaut, appelant le sauveur
Qui s’éloigne en chantant sa placide ignorance.
Ce passant ne sait point ce qui le rend rêveur ;
C’est un écho lointain, une légère plainte,
Venant d’un être humain, qui là, tout près de lui,
Se sent mourir d’effroi dans le noir labyrinthe,
D’une livide enfant dont l’espérance a fui.