Un an après l'armistice - Aux régions dévastées/02

Un an après l'armistice - Aux régions dévastées
Revue des Deux Mondes6e période, tome 54 (p. 653-668).
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UN AN APRÈS L’ARMISTICE

AUX RÉGIONS DÉVASTÉES

II[1]
AUTOUR DE LILLE

D’un côté de Lille, a une demi-heure en tramway, Roubaix et Tourcoing ; d’un autre côté, à trois quarts d’heure en automobile, Armentières, Bailleul, la Vallée de la Lys : quelle différence ! Roubaix et Tourcoing n’ont pas visiblement souffert. Ce sont toujours, — Roubaix surtout, car la physionomie de Tourcoing est plus intime, plus vieille France, — des villes sombres où s’accuse violemment l’antithèse ent.re le luxe architectural des patrons et les mornes habitations ouvrières.

Roubaix vaut mieux que ses agitations socialistes et que les façades insolentes de son capital ; et il l’a prouvé pendant l’occupation allemande où il a refusé aux envahisseurs ce qui constitue sa dignité et sa raison d’être : le travail. Au début, les Allemands voulaient forcer les usiniers à travailler. Quelques petits fabricants crurent qu’ils pouvaient le faire pour les besoins de la population. Mais, quand ils s’aperçurent que ce serait pour les Boches, ils s’arrêtèrent. Menaces et emprisonnements, rien ne put vaincre leur résistance. Dans certaines maisons, les Allemands ne trouvaient devant eux que des femmes. À leur grand étonnement, ces femmes furent aussi obstinées que les hommes. Alors, ils volèrent ou brisèrent tout dans les usines. Le jour de l’armistice, les fabricants ne possédaient guère que des murs nus. Mais le premier mètre de tissu est sorti au mois d’avril.

« Le départ a été lent, pénible, me disait M. Delvas, un des chefs de la maison Allart Rousseau, une des plus grandes maisons de peignage avec celle des Motte. L’État reculait devant l’énormité des chiffres. Enfin, le ministre a lâché d’un coup soixante-douze millions aux grosses usines de Roubaix. D’autre part, nous avons retrouvé une partie de notre matériel électrique dans les dépôts de Maubeuge où les Allemands avaient entassé d’immenses réserves. Mais nous n’avons pas encore récupère nos garnitures de cardes, et celles que nous commandons à Rouen, en Alsace ou en Angleterre ne nous seront livrées que dans des mois et des mois. Les Allemands en ont expédié un grand nombre à Leipzig : nous le savons, et nous prions instamment qu’on les fasse revenir. Mais sur cette question le gouvernement montre une étrange inertie. On nous a répondu textuellement au ministère que, « tant que le traité ne serait pas ratifié, l’Allemagne ne tolérerait point le passage de ces caisses à travers son territoire. » Malgré tout, nous devons nous estimer contents. Depuis le mois de mars, notre usine est remise à peu près en état. Nous avions seize cents ouvriers avant la guerre ; nous en avons quatorze cent cinquante aujourd’hui, et nous atteignons le soixante pour cent de notre production normale. — La journée de huit heures vous gêne-t-elle ? lui demandai-je. — Pas du tout, me dit-il. Autrefois, nous tournions vingt et une heures et demie. Maintenant que nos ouvriers sont divisés en trois équipes, nous tournons vingt-quatre heures. » Je lui dis : « L’augmentation des frais ne vous fait-elle pas redouter la concurrence allemande ? — Elle était déjà formidable, me dit-il ; mais nous ne la craignons pas. Les Allemands, dans l’industrie textile de la laine, sont bien moins favorisés que nous. Nous trouvons sur place le peignage, la filature, le retordage, la teinture et le tissage ; chez eux, tout est disséminé. Puis ils n’ont pas notre génie inventif. C’est nous qui composons les nouveaux tissus et qui faisons la mode. Ils continueront de nous copier studieusement… Je ne donne pas dix-huit mois à Roubaix pour se relever. Nous sommes une race d’entêtés drapiers flamands. Le Roubaisien est tiache, c’est un mot de notre patois qui signifie qu’on ne lâche pas le morceau. »

L’homme jeune que j’ai en face de moi, Roubaisien, fils de Roubaisiens, a le même optimisme énergique que j’ai rencontré chez presque tous les jeunes hommes qui ont fait la guerre. Il me parle comme d’autres industriels de Roubaix, avec une netteté d’esprit à la fois calme et ardente. Ces Roubaisiens sont passionnés pour leur métier, hardis dans leurs entreprises. Avant la guerre, ils allaient battre les Allemands jusque chez eux ; ils travaillaient en Russie ; ils ont fondé des filatures en Pologne. Oui ; mais ils ne sont pas les maîtres de leur ville, dont la mairie est aux mains des socialistes.

Sur la grand’place en face de l’église Saint-Martin, dont le clocher seul est une des rares antiquités de Roubaix, s’élève un imposant hôtel de ville construit en 1911. Les deux monuments, par-dessus la place vide, ont l’air de se regarder comme deux ennemis. Tout est solennel et désert dans cette vaste mairie dont le grand escalier est recouvert d’un tapis rouge. Un huissier ministériel m’introduit dans le cabinet du maire, M. Lebas, un des chefs du parti, qui eut l’honneur d’être déporté en Allemagne. Jeune encore, le sourire doux et froid sous une moustache assez épaisse, le regard rapide, il a dans toute sa personne je ne sais quoi de sec et d’élimé qui me fait penser à un comptable assis derrière son guichet. Il ne me paraît ni content ni mécontent de la situation. Vingt-cinq mille ouvriers sont rentrés. Mais les patrons ont tort d’employer des ouvriers belges. « On y veillera. « Il se reprend : « D’ailleurs, les ouvriers belges comprendront bientôt qu’il est de leur intérêt de s’unir dans leurs revendications aux ouvriers français. » Le socialisme progresse. Le nombre de ses adhérents augmente tous les jours. « Aujourd’hui le patronat passe des contrats collectifs avec les syndicats, ce qu’il ne faisait pas avant la guerre. » M. Lebas s’occupe activement de remédier à l’excessive cherté de la vie. Il voudrait instituer, je crois, une sorte de coopérative municipale qui lutterait avantageusement contre les coopératives établies par les patrons, les coopératives bourgeoises. La question la plus grave est celle du charbon. « Notre peuple n’endurera plus des privations nouvelles. Je l’ai dit à Paris. » Je ne sens pas sous cette menace toute l’appréhension que je souhaiterais. J’y perçois l’espoir qu’on sera en mesure d’exploiter dans l’intérêt du parti le malheur des temps.

Roubaix est en pleine renaissance. Ce ne sont pas seulement des bruits d’usines qui nous en avertissent ; c’est aussi la défiance et l’hostilité qu’on y sent entre les classes.


M. Lyon, recteur de Lille, m’offre de les accompagner, sa femme et lui, dans leur visite à Armentières et à Bailleul. On sait que M. Lyon, pendant toute l’occupation, a fait vivre son Université et, appuyé sur le dévouement de son personnel, en a maintenu les cours et soutenu la résistance. Ses souvenirs formeront un jour le document le plus curieux sur l’histoire de ces années funestes. On y verra, entre autres anecdotes, qu’aux heures les plus noires, les parents des élèves du lycée, ayant entendu dire qu’il n’y aurait point de baccalauréat, vinrent le supplier de ne pas ajouter cette infortune à tant de misères, ils avaient besoin que tout ce qui représentait la tradition française continuât. On fit donc des bacheliers sous la domination allemande ; et, pendant qu’on les préparait à leurs redoutables épreuves, Mme Lyon. donnait aux jeunes filles Lilloises des leçons d’anglais, afin qu’elles pussent saluer dans leur langue les soldats britanniques, le jour de la délivrance. Le hasard fait mal les choses. La bombe d’un aviateur anglais tomba sur l’Académie, qui n’en est pas encore remise ; et il s’en fallut de peu que le Recteur et sa femme ne fussent écrasés. Or ce palais a reçu jadis la visite de Louis XVIII en route pour Gand ; et, dans son antichambre, une gravure représentait les adieux du Roi. Les Allemands l’avaient vue. Aussitôt ils publièrent dans leurs journaux la reproduction de ce « monument historique » que le vandalisme de l’Angleterre avait ébréché, avec ces mots : Le Crime anglais. Ah ! les Boches !

Pour aller de Lille à Armentières, il semble à peine que l’on quitte la ville. Les routes sont des rues. Tout ce monotone pays du Nord est comme une immense ville qui déroulerait ses tentacules à travers la campagne. Armentières, vieille cité industrielle plus exposée dans sa plaine découverte, éternel champ de bataille, que si elle s’élevait au pied d’un volcan, a été plusieurs fois ruinée et incendiée, toujours rebâtie et toujours neuve ; mais je doute qu’elle ait jamais présenté un aussi effroyable spectacle qu’aujourd’hui. Ses rues se ressemblent comme des têtes de mort. On s’égare entre ces rangées de squelettes en brique qui ouvrent sur vous leurs orbites noires et vides. Au pied d’une église écroulée, dans un baraquement, le maire est en conférence avec l’architecte départemental. Il s’est promis de refaire sa ville plus belle qu’elle n’était. « Dans cinq ans, nous dit-il, elle aura repris figure ; dans dix ans, elle sera terminée. » Le travail est énorme : l’entrepreneur lui demande sept ou huit mois rien que pour déblayer les ruines de l’église. Mais à la fin d’août la première usine a lancé son premier coup de sirène. Le tiers des trente mille habitants est déjà revenu. On ne le croirait point. Dans les villes les plus mortes, la présence de l’homme transpire à travers les murs silencieux. On ne le voit pas ; mais tout ce qui le dissimule le dénonce. Ici, rien ne le cache, les fenêtres béantes, les murailles éventrées permettent de plonger le regard jusqu’au fond des demeures. Pourtant il ne semble pas exister. L’inhumanité de cette destruction empêche qu’on l’a perçoive. Alors même qu’il est là, elle proclame son absence.

L’automobile a du mal à trouver le collège. Au premier étage le principal campe avec sa famille. Jeune, actif, débrouillard, choisi spécialement par M. Lyon pour ce poste difficile, il me rappelle, autant par son visage rasé que par ses manières et sa décision, les pionniers américains constructeurs de villes dans le désert. Mais les pionniers américains, plus favorisés que les gens d’Armentières, n’ont point à abattre avant de construire. Debout dès cinq heures du matin, le principal du collège d’Armentières prépare le café de ses ouvriers, il les soigne comme s’ils étaient ses élèves ; et il reçoit les parents au milieu des briques et du plâtras. Il a déjà sept ou huit pensionnaires inscrits, mais pas de dortoir. On s’oriente si malaisément dans la dévastation que je ne revois plus très bien où il les couchera. Ce ne sera certainement pas dans le cabinet de physique, monceau de débris où scintillent des morceaux d’éprouvettes. Ce sera plutôt dans une pièce du rez-de-chaussée. Oui ; mais ici mes souvenirs s’embrouillent, à moins que le réfectoire ne soit dans ce dortoir et la cuisine dans ce réfectoire. Soyez tranquille : on les couchera ; on les nourrira, et on leur trouvera des classes. J’oubliais que le principal doit aussi assurer le couvert à huit cents élèves des écoles primaires. Il le leur assurera. Enfin il loge provisoirement la directrice du collège de filles. Elle vivait depuis un an dans la jolie ville d’Antibes ; mais elle a sollicité comme un honneur de revenir ici. Quant à son collège, nous avons fini par le découvrir au bout d’une allée de décombres : trois pièces vides, sans portes ni fenêtres, suspendues comme un décor de théâtre. Avant de s’ouvrir, voilà un collège qui sera obligé de se fermer.

J’admire le courage et la bonne humeur de tous les gens qui se dépensent au milieu de ces épouvantables ruines. Devant ces amas de lattes et de ferrailles et toutes ces violations de nos intérieurs, je me dis : « C’est donc ça qui nous abrite, que nous aimons à décorer, que nous nommons avec douceur notre chez nous. Nous travaillons des années et des années pour acheter ça, et nous sommes si contents d’en être les propriétaires ! C’est ici ma maison, mon bien et mes amours. Ça, une affreuse carcasse de bois crevé, de briques et, de boue, des immondices qu’on a hâte de voir balayer. Nous excellons à parer le squelette… » Mais là où je ne vois que la mort et l’image démesurément grossie de l’universel retour en poussière, ceux qui travaillent distinguent les premières palpitations du réveil de la vie. Comme les premières fleurs qui annoncent le printemps, chaque jour, une nouvelle cheminée, un bout de mur blanc, un contrevent, un morceau de toit neuf brille au soleil. Et ils se disent : « Nous renaissons. »

Il y a pire qu’Armentières. Je ne parle pas de la zone sauvage à deux kilomètres de la ville, de cette terre soulevée et creusée comme une sombre houle, que l’imagination peuplera plus tard de fantômes désolés. Il y a pire qu’Armentières : c’est Bailleul, la charmante ville industrielle et surtout agricole, dont les clochers montaient plus haut que ses cheminées d’usine et lançaient leurs volées d’angelus sur de grasses prairies et des champs aussi aimables que des jardins. Là, c’est la mort complète, l’innommable mort, des mamelons de décombres. Le secrétaire de la mairie, M. Vanneuville, nous dit que des treize mille habitants que comptait la ville trois mille deux cents étaient rentrés. Cette fois, bien que je sois dur à l’étonnement, je crus qu’il faisait erreur. Trois cent vingt m’eussent déjà paru un chiffre considérable. Mais il répéta : « Trois mille deux cents. — » « Où vivent-ils ? » Il sourit tristement et haussa les épaules : « Partout. » Et, pour me donner un exemple de l’attachement des Bailleulais à leur sol natal, il me raconta qu’un boucher, que l’évacuation de mars 1918 avait mené dans le midi, était revenu à Bailleul quelque temps après l’armistice. « Les choses sont aujourd’hui ce qu’elles étaient alors. Quand il les vit, il perdit cœur, et il décida de repartir. Mais il n’avait pas de train avant le soir ; et tout le jour il se promena dans les ruines. » M. Vanneuville s’arrêta un instant. Ses yeux tristes semblaient suivre, à travers ces ruines que nous regardions, le pas fatigué du voyageur. Et, pendant qu’il me parlait, malgré moi j’entendais s’élever du fond de ma mémoire, comme un accompagnement mélancolique et lointain, les harmonies du poète : Il voulut tout revoir… Il chercha le jardin, la maison isolée… Il erra tout le jour. Vers l’heure où la nuit tombe, — Il se sentit le cœur triste comme une tombe

Mais non ! L’homme cherchait ici autre chose que le fantôme d’un plaisir éteint… M. Vanneuville continuait : « Quand la nuit vint et qu’il fut temps de partir, il lui sembla que ses pieds avaient pris racine. Il n’alla pas plus loin que le poste de secours où il coucha. Le lendemain, il était décidé à rester. Il est resté, et il ne s’en trouve pas mal, car il fait de bonnes affaires ; mais il ne le savait pas… »

Il ne se le demandait même pas. Je perçois très distinctement les voix qui lui conseillaient de demeurer. L’une lui disait : « Ne sois pas comme ces gens qui ne connaissent plus leur ville quand ils risquent d’y mal manger et d’y mal dormir. Tu me jugeais bonne et agréable au temps de ma prospérité ; tu étais même fier de moi. Mes lois et mes coutumes te furent douces. J’ai protégé ton travail ; je t’ai ménagé des plaisirs. Aujourd’hui que j’ai besoin de tes bras pour me relever de la fosse où je suis ensevelie, ne me quitte pas pour des cités heureuses. » Et une autre lui disait beaucoup plus impérative : « Ne t’en va pas, parce que le meilleur de toi est ici. Maison, champ, jardin, ce coin de terre a été ton œuvre. Il est à toi et, même défiguré, il est toi. C’est toi que tu es venu chercher, et c’est toi que tu trouves avec des blessures qui crient vers toi et qui veulent que tu les panses. Tu t’attendais ici. »

C’est si vrai que tous ne font pas de bonnes affaires et qu’aucun n’est reparti. « Si les matériaux arrivaient ! soupire M. Vanneuville. Mais ils n’arrivent pas… Les paysans ne les ont pas attendus : ils ont labouré, semé, et la moisson s’annonçait bien. Et voilà que les rats l’ont presque entièrement dévorée. Les champs en sont remplis. Mais nos paysans ne se découragent jamais. Seulement l’hiver nous effraie. »

Il était près de cinq heures du soir. La plaine grise semblait réfléchir le ciel bas et pluvieux. Sur la route, que bordent des tronçons de ruines comme des tombeaux, passe une équipe de prisonniers allemands dans leur uniforme verdâtre, le dos marqué des deux grosses lettres blanches : P. G. Ils sont conduits par un jeune soldat baïonnette au canon. Depuis Arias, je n’ai cessé d’en rencontrer. Ils vont au travail ou en reviennent au milieu d’une complète indifférence. Mais, chaque fois que je les vois, je revois ce même petit soldat souple et mince, à la physionomie étonnamment expressive, qui pousse devant lui, en mâchonnant sa cigarette, cette autre espèce d’humanité lourde, mal dégrossie, dont le faciès est brutal et les yeux sans regard. Un étranger, qui ne saurait rien, n’aurait pas besoin de recourir à l’hypothèse d’un peuple vaincu et d’un peuple vainqueur pour s’expliquer que ces gens obéissent et que l’autre commande. On oublie qu’ils appartiennent à la nation responsable de toutes ces ruines : les yeux se posent sur eux et sur celui qui les mène comme sur le seul spectacle qui, dans l’abominable confusion des choses, nous rappelle qu’il y a encore de l’ordre dans le monde.


Cependant Mme Lyon, qui adore l’art de la dentelle, s’informait près du secrétaire si quelque dentellière de Bailleul n’avait point reparu. La ville de Bailleul est en effet un des berceaux de la dentelle. Elle en faisait un grand commerce à la Révolution ; et sous le premier Empire, le préfet du Nord, Dieudonné, mentionnait quatorze cents dentellières à Bailleul même. En ce temps-là, elles avaient leur costume : pardessus de calemande rayée, bonniquet de toile fine plissé à petit canons, et médaille d’argent pendue au cou par un liséré noir. Leur nombre vers 1850 atteignit huit mille dans la région Bailleulaise. Puis il diminua. Les écoles dentellières fermèrent l’une après l’autre ; mais il en restait encore une, et l’art charmant se perpétuait. Mme Lyon ne veut pas qu’il s’éteigne. « Madame, lui répondit le secrétaire, vous demandez une dentellière : en voici justement une. » Une vieille paysanne était là, qui portait sur son visage l’ascétisme du labeur. Toutes ses rides devinrent des sourires dès qu’elle comprit le désir de cette dame. Des dentellières ? Elles sont au moins une centaine disséminées dans les ruines. Mais elles n’ont ni carreaux ni parchemins ni fil ni fuseaux. Elles passent leurs journées à nettoyer des briques brûlées par les bombardements, et la nuit vient vite, et elles se croisent les mains. Ah ! si elles pouvaient dans leurs tranchées, — car ce sont des tranchées qu’elles habitent, — allumer derrière la bouteille d’eau traditionnelle la lumerote, la faible lumière qui ainsi réfléchie suffit à éclairer leur ouvrage, elles auraient le sentiment que la vie d’autrefois a vraiment recommencé. Et elles gagneraient bien trois francs par jour. Mais comment se procurer des instruments de travail ? Ce n’est pas seulement à Bailleul que les dentellières chôment. Il y en a a Cassel, à Strazeele, dans les bois du Mont-Noir, qui ne désireraient que faire œuvre de leurs dix doigts ; et il en rentre tous les jours, sans compter les petites filles dont on commencerait l’apprentissage.

Cette vieille femme sortie des ruines et demandant des fuseaux pour reprendre au crépuscule son travail de fée, c’était comme si le plus joli passé de ce pays se levait du sein de la dévastation et suppliait qu’on lui fit la grâce de ne pas le laisser mourir. À coup sûr, les trois francs par jour que gagneraient les dentellières de Bailleul ne les enrichiraient pas. La région n’attend pas de leurs efforts la renaissance de sa prospérité ; et les fabriques de dentelles l’emporteront toujours. Mais la vie nationale ne se compose pas seulement de grandes choses ; et la disparition d’un art la ternit et la banalise. Il n’y a point d’art plus héréditaire que la dentelle, ni où l’on sente mieux l’exquise élaboration des siècles. L’éducation artistique des dentellières se transmet par le sang. Les directrices d’ateliers, les patronneuses, étaient souvent des femmes illettrées. Leur Valenciennes à mailles rondes reproduisait presque toujours les mêmes dessins aux noms bizarres : la crevette et la double crevette, le chapeau de curé, le Pater et la Vierge (petits bords droits de distance en distance ornés d’un pois), les chapelets et les Ave Maria (petits bords droits parsemés de grains). Mais ces dessins sont délicieux, et cette fine dentelle est aussi résistante que l’âme du pays.

Pendant que nous nous éloignions de Bailleul, Mme Lyon me disait : « Il y a tant de femmes qui seraient contentes de secourir notre pauvre Nord, qui ne savent où porter leurs libéralités ! Ne pensez-vous pas qu’elles en feraient un bon emploi, moralement et socialement, si elles fournissaient à ces ensevelies des carreaux, des cartons, des fuseaux et du fil ? Peut-être reverrions-nous l’âge fortuné de la dentelle. Figurez-vous que vers 1830 la dentelle était si rémunératrice que les ouvrières disaient en riant aux ouvriers des filatures : « Viens me ramasser mes épingles et je te paierai ta journée. » C’est du moins ce que me racontait notre député M. Delory, qui descend d’une vieille famille d’artistes dentellières et qui se rappelle encore avoir dans son enfance embrouillé savamment les fils à dentelles le soir près de ses grands-parents. »

Je crois qu’il faut renoncer à l’espoir que les dentellières proposent jamais à leurs camarades des filatures de leur payer leur journée : elles ne redeviendront plus si grandes dames. Mais, puisque nous en sommes au chapitre des souvenirs, je citerai le rapport rédigé, le 18 Germinal de l’an 9, par le préfet Dieudonné et qui, moins le style, me semble de circonstance. « La paix, disait-il, va rétablir toutes les communications et appeler les étrangers… Nos guerriers ont fait admirer leurs exploits ; nos fabricants présenteront aux étrangers de nouveaux objets d’admiration. Valenciennes est renommée pour ses dentelles… » Le maire de Valenciennes lui répondit que l’industrie était ruinée. Le 10 Floréal, Dieudonné lui écrivait : « Je n’ai pu apprendre sans affliction, citoyen maire, l’état de langueur et de dépérissement dans lequel se trouvait la fabrication des dentelles… Le moyen de lui rendre son ancienne splendeur est de former des ouvrières nouvelles qui puissent marcher sur les traces de celles que le malheur a respectées et les surpasser, si possible. » Le Conseil de la ville lui soumit alors le projet « que le goût de la dentelle en fût stimulé par les premiers fonctionnaires de la République, qui dans les fêtes nationales et les cérémonies diplomatiques porteraient de la Valenciennes. » Mais Dieudonné objecta qu’il était impossible d’assujettir à cet usage les fonctionnaires publics[2]… Les dentellières de Bailleul ne sont pas aussi ambitieuses. Il ne s’agit point d’imposer aux premiers, fonctionnaires de la République des mouchoirs bordes de Pater, de Vierge ou d’Ave Maria. Mais que leurs femmes et que toutes celles qui aiment le vrai luxe songent aux tristes Bailleulaises dont les doigts restent inoccupés, le soir, dans l’ombre et qui ne voient autour d’elles que les formes horribles de la désolation. Ces abeilles nocturnes des ruines demandent des ruches.


DOUAI, CAMBRAI, SAINT-QUENTIN

Douai, Cambrai, Saint-Quentin : ces trois villes sont de celles qui ont connu non seulement l’occupation, mais l’évacuation, c’est-à-dire le pillage et l’incendie. La délivrance même leur fut, hélas ! comme un surcroit d’épreuves.

Ce qu’elles ont enduré, on en aura une idée en lisant le livre que l’archevêque de Cambrai, Mgr Chollet, vient de publier sous le titre : Mon copie de Lettres. Il nous met sous les yeux la partie la plus significative de sa correspondance avec les autorités allemandes et leurs réponses. Lecture poignante. D’un côté la force morale, de l’autre, la force matérielle « brutale et fourbe. » Armé des conventions de La Haye et de sa dialectique, invoquant tour à tour le droit et l’humanité, les lois écrites et les lois divines, le prélat combat pour ses églises qu’on dépouille, pour ses prêtres qu’on maltraite, pour ses hôpitaux qu’on menace, pour les usines dont on saisit le matériel, pour les cimetières qu’on profane, pour les vivants et pour les morts. Il ne rencontre devant lui que mauvaise foi, sottise et barbarie. La mauvaise foi se nomme von der Marwitz. L’archevêque a protesté contre le travail de guerre imposé aux ouvriers. Le Marwitz lui répond : « Les travaux en exécution sont destinés à former le front contre les Anglais et non contre les Français. Ces travaux exécutés par les ouvriers civils, rentrent donc dans ceux prévus par les lois de la guerre puisqu’ils ne sont pas contre leur patrie. » La ruse du barbare signait du nom de Hoffman Obersleutnant une note où l’archevêque était prié « de déconsacrer par un décret de profanando les objets d’église » sur lesquels on ferait main basse. Le voleur demandait à celui qu’il volait d’enlever à son acte le caractère d’une profanation ! La sottise, le major Sweibe l’incarne copieusement quand il écrit le 3 octobre 1914 : « Je vous fais obligation de veiller à ce que le curé X… s’abstienne de toute communication écrite ou orale avec les membres de la commune… même après la conclusion de la paix, tant que durera l’occupation de Cambrai. »

J’ai entendu le maire de Douai. Il a dû lutter pendant quatre ans ; et je pensais en l’écoutant que souvent les maires restés dans leur mairie, pris entre les exigences brutales de l’envahisseur et les irritations ombrageuses de leurs administrés, ont été réduits à envier le sort de leurs collègues déportés en Allemagne. L’un d’eux, que j’ai rencontré depuis, me disait : « Savez-vous quelle était ma prière au moins un soir sur deux ? Seigneur, c’est trop dur d’avoir à discuter avec ces brutes : donnez-moi pour me soulager la palme du martyre. Il est vrai que je n’avais qu’un mot à prononcer, un geste à ébaucher, pour l’obtenir de la Kommandantur. Mais, chaque fois que j’étais sur le point d’ébaucher le geste ou de prononcer le mot, je songeais à la tête que ferait mon premier adjoint, et je restais. Aussi vous me voyez sans palme. »

Ce qu’a été l’évacuation, Mgr Chollet nous le dira encore : une population jetée la nuit hors de la ville, obligée de trainer sur des brouettes ou de porter sur le dos le mince bagage des objets les plus indispensables ou les plus chers, et derrière elle soldats et officiers entrant dans les maisons, pillant, saccageant et brûlant. « Bientôt les voitures qu’on a refusées aux personnes arrivent par douzaines pour être chargées des meubles abandonnés que des trains entiers emmèneront en Allemagne. Je ne raconte ici que ce que j’ai vu de mes yeux. » À Cambrai, les habitants refusaient de partir. Ils avaient leurs caves. Des carrières s’étendent sous leurs places et leurs jardins, où plus d’une fois, au cours des anciennes guerres, leurs pères ont caché leurs trésors et abrité leurs familles. Mais les Allemands ne voulaient aucun témoin de leurs pillages et de leurs incendies. Un seul homme demeura, un prêtre, le curé de Saint-Druon, M. l’abbé Thuliez, qui soignait quelques moribonds. Ils le prirent, le menacèrent de le fusiller. Cependant il resta, et il eut la joie de recevoir les Anglais.

Ce que les malheureuses populations ont trouvé à leur retour, nous le voyons comme si c’était hier : rien n’a changé. ! À Douai, ils n’ont pas incendié l’Hôtel de Ville, — où se trouve une salle que venait de refaire si artistement Max Doumic, — ni abattu son beffroi gothique si fantasque avec ses quatre tourelles, sa tour, ses coupoles et ses petites fenêtres surmontées de girouettes. Ils n’ont pas abimé tous les toits en tuiles rouges, ni toutes les hautes cheminées ; mais ils ont vidé toutes les caves, ils ont volé tous les matelas ; ils ont souillé ce qu’ils ne volaient pas, et ils ont laissé derrière eux des ponts détruits, sept cents maisons inhabitables, des quartiers en ruines.

De Cambrai, qui cache ses plaies derrière un rideau de verdure, tout le cœur n’est que décombres. C’est une monstrueuse ablation. Le spectacle, pire que celui d’Arras, est surtout plus inanimé. On chemine dans les rues centrales entre deux murailles de pavés qui semblent contenir un chaos prêt à déborder. Les Chinois les ont élevées en une nuit à l’entrée des Anglais. Toutes les formes de ruines sont là, et les grandes ruines d’églises qui ont je ne sais quoi de plus tragique et dont le spectre nous a poursuivis sous le ciel des Flandres.

On croit avoir épuisé l’émotion des ruines. Mais Saint-Quentin dépasse tout. Dans la longue et large rue qui monte à l’Hôtel de Ville, pas une maison qui ne soit cadavérique. Les moins meurtries ressemblent à ces bâtisses abandonnées, déjà marquées du pic des démolisseurs. Les marchands chassés de leur boutique font leur étalage le long du trottoir. Sur la place, j’aperçois un énorme tas de briques : on l’a retiré de la maison d’en face, qui pourtant me paraissait en assez bon état. L’Hôtel de Ville n’a que son toit enlevé et ses pignons ébréchés ; mais à l’intérieur, les Allemands ont dégradé les peintures et arraché dans la salle du conseil le drap de la table et des sièges. Le Palais de Justice est déchiqueté ; le Musée a sauté. Un prélat du XVIIe siècle s’écriait en entrant dans la Collégiale : « Vraiment, cette église paraît avoir été construite plutôt pour commander aux autres que pour obéir à aucune ! » Elle commande aujourd’hui, ruine vertigineuse, à une houle de décombres. La dévastation des bâtiments qui s’appuyaient sur elle lui fait une solitude qui la grandit encore ; et, dans l’effondrement de leurs voûtes maîtresses, son chœur et sa nef semblent élancer jusqu’au ciel la protestation de leurs blessures. La lumière inonde les débris de la crypte et les trous creusés dans ses piliers pour des charges d’explosifs. Mme Lefrançois Pillion, chargée par M. André Michel d’établir le bilan de nos pertes artistiques en Picardie, en a relevé plus de cent. « Le travail, dit-elle, a été mené d’un bout à l’autre de l’édifice avec une suite, une méthode, qui confondent la pensée. » La marche rapide des Alliés a sauvé d’une formidable explosion cette merveille de notre art gothique[3]. Des quinze mille habitations de la ville, on n’en compte pas quatre mille de réparables. Et la moitié des habitants, environ vingt-cinq mille, sont rentrés ! Le cimetière lui-même est plus bouleversé qu’au passage d’un cyclone. Au moins, dans leurs caveaux béants, les morts ne souffrent plus.

Les villes, pas plus que les individus, ne réagissent de la même façon contre le malheur. La vieille ville de Douai, dépossédée de son Université, oubliait dans le giron de sa magistrature le temps glorieux où ses rues voyaient passer tant de maîtres es arts et de théologiens : elle les avait remplacés par des industriels. Mais son développement économique n’avait point étouffé son ancien esprit. Chargée de souvenirs, riche de bibliothèques, la plus française des villes flamandes, elle prouvait qu’on peut être très moderne et très pratique tout en gardant sa fine culture. Les Allemands n’ont rien pu crocheter ni salir de cet héritage. Les gens y sont particulièrement aimables et l’on devine beaucoup de bravoure sous leur gentillesse. Je suis entré chez plusieurs commerçants. J’entends bien les mêmes plaintes qu’ailleurs : crise des transports ; pénurie de charbon ; lenteur des Services de la Reconstitution et leur folle élévation des salaires ; gaspillage des deniers publics. Mais ces plaintes sont ici plus assourdies. Le maire, M. Bertin, ne fait que me les indiquer, comme s’il me savait déjà suffisamment renseigné. Il insiste plutôt sur l’œuvre qu’ont si rapidement accomplie les Chemins de fer et les Ponts et Chaussées. Les voies sont réparées ; les canaux, rendus navigables. (Malheureusement le transport par péniches coûte plus cher que par wagons ; et l’on n’a pas assez de péniches.) Il insiste aussi sur l’excellence de l’initiative privée. Pour lui, le relèvement de Douai est une affaire de quatre ou cinq ans. « Peut-être moins ! » me dit le Président de la Cour, M. Jacomet, qui, coupable d’avoir fait retirer un drapeau allemand d’un palais de justice français, fut arraché de son siège, emmené en Allemagne et enfermé dans une geôle avec des criminels de droit commun. Il se félicite en tant que magistrat de la loi sur les dommages de guerre. (Il la connaît mieux que personne, car je crois qu’il y a collaboré). Le Droit est représenté dans les Commissions Cantonales, et il a veillé à ce qu’il le fût bien. Enfin les industriels ne peuvent souhaiter que le Gouvernement se montre à leur égard plus généreux.,

L’air est presque léger à Douai : à Cambrai il est lourd. Cette ville très riche, où les millionnaires étaient nombreux, l’existence plantureuse et la curiosité intellectuelle endormie, ne paraît pas avoir le même ressort. Il y a de la stupeur autour de ses ruines. C’est à Cambrai que j’ai pour la première fois entendu parler de réfugiés qui, revenus chez eux, n’ont pu y tenir et sont repartis. Des gens m’ont dit : « Pendant plusieurs mois après l’armistice nous avons craint de devenir neurasthéniques. » Un vieux Cambraisien ajoutait : « Nous étions des égoïstes satisfaits. Espérons que cette infortune nous secouera. » L’industrie est morte. Seul le petit commerce donne des signes de vie. On a même peur que cette contagion de découragement ne gagne le paysan, qui, dans l’impossibilité de payer un ouvrier agricole de douze à quinze francs par jour, réduirait sa culture. Le prix qu’ont atteint ses productions lui permettrait de les restreindre sans que ses gains d’autrefois fussent diminués et de porter, sans en souffrir, ce dommage au pays. « Les heures tragiques sont passées, écrivait Mgr Chollet : il y a une certaine joie âpre et fière à les avoir vécues. » Aujourd’hui, ce sont les heures mornes. Il se trouve en présence d’une immense inertie où, derrière les ruines matérielles, on devine des ruines morales. « Sur quatre cents églises, me dit-il, j’en ai trois cents qui sont à réparer ou à construire. Dans la seule ville de Cambrai sept sur huit ont été frappées. Et que de foyers domestiques détruits ! »

On s’agite dans l’effroyable dévastation de Saint-Quentin ; mais l’agitation trahit le désarroi et l’incohérence. On me parle à la mairie d’adjudications passées le 25 juillet (nous sommes au 1er octobre) et dont on n’a plus aucune nouvelle. Des travaux entrepris ont été arrêtés. Manque d’argent ? Manque de main-d’œuvre ? On ne sait. Les usines ne se remontent pas parce que l’état du change ne permet pas d’acheter des machines. Les particuliers, hypnotisés par le nouveau plan de Saint-Quentin, escomptent l’expropriation, et leur initiative en est très ralentie. On m’avait dit que le lycée préparait sa rentrée. Je traverse la cour d’honneur embarrassée de décombres. Je monte par un étroit escalier dont les murs suintent et je me trouve dans la chambre du proviseur, la seule pièce de l’établissement où il ne pleuve pas. Un lit, une table en bois blanc, trois chaises et du feu dans la cheminée pour chasser l ‘humidité envahissante. À deux pas de cette chambre, c’est l’hôpital des soldats allemands, qui sont plus au sec que leurs infirmières françaises, car l’une d’elles me montre son lit que les averses de la nuit ont trempé. Le général avait décidé qu’on transporterait les malades ailleurs. On n’en a rien fait. La moitié de la toiture d’une aile a été réparée. Mais on a interrompu le travail si bien que la pluie tombe sur le plancher tout neuf du grenier qui ne tardera pas à pourrir. Jamais encore je n’avais mieux senti cette absence d’unité dans les Services, que tous nos sinistrés déplorent »

Mais je ne voudrais pas terminer cette première et brève excursion aux pays dévastés sur une note trop sombre. Le voyageur est toujours plus affecté du mal qui lui saute aux yeux que du bien, d’ordinaire moins voyant et plus silencieux. La situation matérielle de ces provinces est affreuse. Heureux si dans un demi-siècle leurs plaies sont entièrement cicatrisées. Et encore ne les reverrons-nous jamais telles que les siècles les avaient parées. Aucun soleil, aucun rayon de lune n’éclairera plus jamais tant d’Hôtels de Ville, de beffrois, d’églises, de vieux logis, où il semblait toujours que des visages de l’ancien temps allaient se montrer aux fenêtres gothiques. Mais le spectacle qu’elles offrent et dont le cœur est navré n’est pas désespérant. Les pins qui poussent sur les rocs nus de la Baltique sont moins tenaces que la plante humaine qui s’accroche aux ruines. On n’a presque nulle part le sentiment de l’irrémédiable, et l’on trouve presque partout l’énergie et l’espoir. On voudrait seulement que tous les efforts fussent mieux coordonnés et qu’à côté de ceux qui travaillent, les autres se souvinssent de temps en temps que, jusqu’à nouvel ordre, c’est la France qui paie.


ANDRÉ BELLESSORT.

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.
  2. L’Industrie Dentellière en France. A. de Poncheville (Valenciennes, 1911).
  3. Je recommande deux petits livres parus chez Laurens : Saint-Quentin de M. A. Boinet et Hôtels de Ville et Beffrois du Nord de M. G. Eulart.