Traité des sièges et de l’attaque des places/22

MORTIERS À PIERRES.

Comme les marqués c, Pl. 15 (V.)Les pierriers se doivent mettre bien plus près que les batteries à bombes. Leur situation, quant à la distance, se partagera en deux, dont la première sera entre la troisième place d’armes et le pied du glacis, parce qu’ils ne portent pas loin ; et la deuxième, sur les angles saillans et rentrans du chemin couvert, tant de la demi-lune que des bastions. Il ne faut à ceux-ci qu’un épaulement comme aux batteries à bombes, et une plateforme, toute simple, parce qu’il ne s’agit pas de soutenir l’effort d’une grosse charge, comme aux mortiers.

Vraie posi­tion des bat­teries de pierriers.Le vrai lieu de bien placer celles-ci, serait dans le chemin couvert sur les angles flanquans et rentrans ; mais elles y seraient trop difficiles à servir.

Au surplus, les mortiers à bombes en question sont de 12 ou 13 pouces de diamètre. Si on en pouvait avoir une demi-douzaine de l’espèce appelée Comminge, qui ont 16 ou 18 pouces, et mille bombes par mortier, elles seraient très-utiles pour faciliter l’éboulement des brèches, et défigurer les retranchemens. Ceux de 8 pouces sont de peu de service ; les pierriers sont beaucoup plus déchargés de métal que les autres, et doivent être de 18 pouces de diamètre.

Pl. 13.
On ferait bien de battre les faces des de­mi-lunes col­latérales.
On ferait fort bien de battre en ricochet les faces des demi-lunes collatérales et [1], qui ont vue sur la droite et la gauche des attaques, parce qu’elles ne laissent pas d’incommoder beaucoup de leur mousqueterie et du canon.

Je me suis beaucoup arrêté au détail des sapes, des places d’armes et des batteries à ricochet, parce que ce sont des nouveautés dont les propriétés ne sont pas encore bien développées, non plus que la manière de bien placer les mortiers à bombes et les pierriers.

Opinion de Vauban sur les obusiers et les mor­tiers à main.Les Hollandais emploient depuis peu quantité petits canons courts qu’ils appellent obus, et de petits mortiers à grenades portatifs par deux hommes, avec quoi ils en tirent une fort grande quantité ; mais je ne fais grand cas ni des uns ni des autres ; cela demande trop de service et de dépense, et ils ne sont pas d’un grand effet ; il vaut mieux s’en tenir aux gros canons, à nos bombes et aux pierriers.

Utilité des petits cali­bres à la tranchée.Ce n’est pas que je désapprouve le canon de 4, de 8 et de 12 livres de balles à la tranchée, j’en suis fort éloigné, mais en augmentation des batteries à ricochet seulement.

Voilà ce qui m’a paru devoir être particulièrement expliqué.

Reprenons présentement la conduite de nos tranchées.

Pl. 13.Si elles ont fait leur chemin à même temps que les places d’armes, elles seront arrivées au pied du glacis aussitôt que la troisième ligne ; jusque-là la conduite en doit être uniforme. On a dû seulement observer :

1o De ne jamais s’éloigner des capitales prolongées qui leur servent de guides.

Raccourcir les zigzags à mesure qu’on s’ap­proche de la place.2o De raccourcir leurs retours à mesure qu’on s’approche de la place, comme il est figuré au plan, pl. 13.

3o De ne les jamais enfiler sans une nécessité absolue ; et où on sera contraint de le faire, de couvrir les enfilades par de bonnes traverses, avant que l’ennemi en puisse profiter.

  1. Vauban propose de ne battre que les faces des demi-lunes collatérales qui ont vue sur la droite et la gauche des attaques, Cormontaingne bat les deux faces de chacune des demi-lunes collatérales.