Traité élémentaire de la peinture/103

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 87-88).


CHAPITRE CIII.

À quelle distance de la vue les couleurs des choses se perdent entièrement.

Les couleurs des choses se perdent entièrement dans une distance plus ou moins grande, selon que l’œil et l’objet sont plus ou moins élevés de terre : voici la preuve de cette proposition. L’air est plus ou moins épais, selon qu’il est plus proche ou plus éloigné de la terre : il s’ensuit de là que si l’œil et l’objet sont près de la terre, l’épaisseur et la grossièreté de l’air qui est entre l’œil et l’objet, sera très-grande, et elle obscurcira beaucoup la couleur de l’objet ; mais si l’œil et l’objet sont fort éloignés de la terre, l’air qui est entre deux ne changera presque rien à la couleur de l’objet : enfin la variété et la dégradation des couleurs d’un objet, dépend non seulement de la lumière qui n’est pas toujours la même aux différentes heures du jour, mais aussi de la grossièreté et de la subtilité de l’air, au travers duquel les couleurs des objets sont portées à l’œil.