Georges Crès (p. 15-16).

PRÉFACE



ET FACTUS EST SUDOR EJUS, SICUT GUTTÆ SANGUINIS DECURRENTIS IN TERRAM


Dieu me préserve d’avilir jusqu’à de profanes et littéraires usages les Textes Saints !

J’ai ces pratiques en horreur et je n’eusse pas insolemment utilisé comme épigraphe les Sacrées Paroles qui font aussitôt rentrer dans le néant tout ce qu’on ose écrire au-dessous d’Elles, si je ne croyais pas très profondément à la plus inexprimable des IDENTITÉS.

L’Identité symbolique de la France avec ce qui fut nommé le Royaume de Dieu !

La France est tellement le premier des peuples que tous les autres, quels qu’ils soient, doivent s’estimer honorablement partagés lorsqu’ils sont admis à manger le pain de ses chiens.

Quand elle est heureuse, le reste du monde est suffisamment heureux, dût-il payer ce bonheur de la servitude ou de l’extermination.

Mais quand elle souffre, c’est Dieu qui souffre, c’est le Dieu terrible qui agonise pour toute la terre, en SUANT LE SANG.

Ceci est absolu et incommutable comme le mystère de la Prédestination.

Voilà pourquoi je n’ai pas eu peur de faire précéder mon livre de cet effrayant verset de l’Évangéliste saint Luc.

Léon Bloy.