Stances (Corneille, IV)

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Stances (Corneille, IV)
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 172).
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LXII

Stances.

Ces stances ont paru pour la première fois à la page 95 de la cinquième partie des Poésies choisies de Sercy. Nous ignorons quelle est la personne désignée par le nom d’Aminte.


Que vous sert-il de me charmer ?
Aminte, je ne puis aimer
Où je ne vois rien à prétendre :
Je sens naître et mourir ma flamme à votre aspect ;
Et si pour la beauté j’ai toujours l’âme tendre, 5
Jamais pour la vertu je n’ai que du respect.

Vous me recevez sans mépris,

Je vous parle, je vous écris,
Je vous vois quand j’en ai l’envie :
Ces bonheurs sont pour moi des bonheurs superflus ; 10
Et si quelque autre y trouve une assez douce vie,
Il me faut pour aimer quelque chose de plus.

Le plus grand amour sans faveur,

Pour un homme de mon humeur,
Est un assez triste partage : 15
Je cède à mes rivaux cet inutile bien,
Et qui me donne un cœur, sans donner davantage,
M’obligeroit bien plus de ne me donner rien.

Je suis de ces amants grossiers

Qui n’aiment pas fort volontiers 20
Sans aucun prix de leurs services,
Et veux, pour m’en payer, un peu mieux qu’un regard ;
Et l’union d’esprits est pour moi sans délices,
Si les charmes des sens n’y prennent quelque part.