Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803/Tome 2/04

Garnier frères, libraires éditeurs (Tome 2p. 55-77).


CHAPITRE IV.


Mme de Parabère. – Tous ses galans périssent malheureusement. — Mort du Chevalier de Breteuil et autres. — La Maréchale de Luxembourg, alors Duchesse de Boufflers. – La Maréchale de Mirepoix, alors Princesse de Lixin. – Sa passion pour le jeu. – Magnificence de l’hôtel de Luxembourg. – Éloge de Mme de Flahaut. — Mlle Quinaut, Chevalier de l’ordre de Saint-Michel. – La Comtesse de Vertus. – Le Marquis de la Grange et ses procès. – M. de Vaudreuil et M. de Chassé. – Mme du Deffant, alors Mlle de Vichy. – Son étrange aventure au couvent. – Conduite admirable de M. d’Argenson. – Mariage de Mlle de Vichy. – La Comtesse de Bourbon-Busset chez Mme du Deffant. – M. Lyonnais, le médecin de chiens. – Il doit prendre le nom de Courtenay. – Les Mottier de Lafayette. – Mot de Louis XV à propos de leur généalogie. – Extinction de l’ancienne maison de Lafayette dans celle de la Tremoille.

La fureur des duels était si fort encouragée par la faiblesse et l’incurie du Duc d’Orléans, qu’on n’entendait parler que de jeunes gens tués ou blessés, et toutes les familles en étaient dans l’inquiétude ou la désolation. La nôtre eut à regretter la perte du Chevalier de Breteuil, qui était le plus aimable jeune homme du monde ; et qui fut tué par un de ses camarades au régiment des gardes. Il était le jeune frère de l’Évêque de Rennes et du Marquis de Breteuil-Fontenay, que nous verrons un jour Ministre de la guerre. C’était encore un des amis les plus favorisés de Madame de Parabère, et l’on ne saurait imaginer combien elle en avait perdu de la manière la plus tragique ou de mort violente. C’était je ne sais combien de jeunes officiers tués en duel, deux gentilshommes bretons décapités, un Chevalier de Malte noyé pendant ses caravanes, un premier Page de Madame assassiné dans un fiacre, des Abbés qu’on assassinait à sa porte, un conseiller qui s’empoisonnait avec des champignons, un petit jeune homme qu’on avait jeté par les fenêtres, et par-dessus tout ce malheureux Antoine de Horn ! On disait qu’elle portait malheur aux jeunes gens ; mais dans certains cas on avait eu lieu de s’en prendre à la jalousie plutôt qu’à l’influenza perniciosa ou la fatalité simple et pure.

Un autre duel horriblement scandaleux, fut celui du Prince de Lixin avec le Marquis de Lignéville, oncle de sa femme. Celui-ci fut tué par M. de Lixin, qui fut tué par le Duc de Richelieu, comme je vous le dirai plus tard. C’est la Princesse de Lixin, née Beauvau de Craon, qui est devenue la Maréchale-Duchesse de Mirepoix et j’aurai souvent l’occasion de vous parler d’elle. Ce fut également, si je ne me trompe, à la fin de l’année 1721, que nous fîmes connaissance avec notre jeune et jolie cousine de Villeroy qui sortait du couvent pour épouser le Duc de Boufflers[1]. Étant devenue veuve, elle épousa le Duc de Luxembourg, et j’aurai toujours mille choses à vous en dire. Ces deux spirituelles personnes étaient mes parentes et mes contemporaines les plus rapprochées de mon âge et les mieux établies sur un même rang ; ainsi nous aurions dû naturellement rester bonnes amies et traverser notre longue vie dans une intimité continuelle ; mais si la Maréchale de Luxembourg a bien fini, la Duchesse de Boufflers avait mal commencé, ce qui fait que je ne l’ai revue familièrement que dans sa vieillesse. La Princesse de Lixin s’était toujours conduite le mieux du monde ; mais la Maréchale de Mirepoix allait souper chez Mme du Barry, d’où vient qu’elle avait abdiqué les amitiés et les principales relations de sa jeunesse. C’était la personne la plus naturellement gracieuse et la plus distinguée, noblement ; mais c’était la femme du monde la mieux calculée pour son profit ou son agrément personnel, où dominait toujours le besoin qu’elle avait d’argent, et de beaucoup d’argent, car elle aurait fait dévorer dix royaumes aux banquiers du Passe-Dix et du Vingt-et-Un. Elle n’avait jamais éprouvé ni pu comprendre d’autre passion que celle du jeu. Si la Maréchale de Mirepoix avait joué moins malheureusement ou plus modérément, on peut être assuré qu’elle se serait maintenue dans la convenance et la dignité les plus parfaites. Mais puisque je vous ai parlé de la Duchesse de Boufflers, autant vaut-il que je vous la fasse connaitre étant Duchesse de Luxembourg et dans toute sa gloire ; autant vaut que ce soit aujourd’hui qu’un autre jour ; ainsi je vais anticiper sur mon récit, que nous reprendrons chronologiquement à l’époque de l’ambassade de mon père et de notre voyage en Italie.

Il y a eu dans Paris pendant le même temps et durant long-temps trois vieilles personnes qui jouissaient à peu près de la même apparence de considération, mais dont l’existence sociale et la consistance étaient pourtant bien différentes en réalité. La première était la Maréchale de Luxembourg, dont il est impossible de se figurer quel était le bon goût, le bon esprit, le grand air et la parfaite amabilité. Elle était devenue dévote un peu tard, et peut-être parce que rien ne sied aussi bien que la dévotion à une femme qui approche de la soixantaine ; mais ensuite elle était restée dévote de très-bonne foi, sans aucune espèce d’exigence ni d’affectation, ni de pédanterie. La Maréchale avait sûrement plusieurs imperfections, mais la seule chose qui parût à reprendre dans ses habitudes sociales, était une préoccupation si continuelle et si démesurée de la grandeur, et tranchons le mot, de la prétendue supériorité de la maison de Montmorency, qu’elle en aurait paru ridicule, si elle avait eu moins de finesse dans le tact et moins d’habileté dans la manœuvre.

En attendant qu’on eût fait justice de cette vanité sans consistance, M. de Voltaire et toute la séquelle philosophique avaient pris les prétentions de la Maréchale au sérieux : car j’ai remarqué que c’est à dater de la Maréchale et de ses prétentions que la renommée des Montmorency a pris dans l’opinion du vulgaire une importance exagérée, contre qui la haute noblesse a toujours eu soin de protester, et c’est Mme de Coislin qu’il faut entendre là-dessus[2] ! Il est certain que les Mailly, les La Tour-d’Auvergne, les Clermont-Tonnerre et les Rohan surtout, valent MM. de Montmorency, pour le moins ! Il est vrai que Mathieu de Montmorency avait épousé la veuve de Louis-le-Gros, mais il est assez connu que c’est parce qu’il était beau garçon, qu’il était jeune, et que la reine était une vieille folle. Enfin leur titre de Premier-Baron-Chrétien est une qualification qu’ils ont fabriquée, car le titre originel et véritable est celui de « premier baron de la vicomté ; prévôté et chrétienté de Paris ; » ce qui veut dire premier feudataire de l’évêché de Paris, tout simplement. La Maréchale avait si bien épousé la famille de son second mari, qu’elle ne pouvait supporter aucune autre prétention nobiliaire que celle de ses Montmorency qui l’absorbaient, et c’est au point que son propre frère, lui pariant un jour de la perte de son fils unique après qui sa famille allait s’éteindre, et sa duché-pairie s’en aller à vau-l’eau ; et pendant qu’il en gémissait auprès d’elle, en lui disant avec amertume : — Il n’y aura plus de Villeroy : — Eh bien, Monsieur, lui répondit la Maréchale, on fera comme il y a trois cents ans, on s’en passera.

Sa maison, ses ameublemens, sa table et ses nombreuses livrées, ses équipages et surtout sa chapelle et sa salle du dais, enfin toute chose de chez elle était d’une magnificence admirable. Elle avait pour son usage personnel un nécessaire de table en or massif, et la collection de ses tabatières était la plus splendide et la plus curieuse chose du monde. Au milieu de toutes ces dorures et de ces grands portraits de connétables, avec tous ces lions de Luxembourg et ces alérions de Montmorency, on était d’abord un peu surpris en apercevant une petite bonne femme en robe de taffetas brun, avec le bonnet et les manchettes de gaze unie à grand ourlet, sans bijoux et sans aucune espèce d’étalage ou de franfreluches. Mais en approchant, c’était une physionomie si animée, et si bien tempérée pourtant, un visage si noble et si régulier encore, une attitude modeste, mais presque royale on pourrait dire, avec un propos si spirituellement varié, si naturellement poli, si digne et si fin tout à la fois, qu’on l’écoutait et la regardait continuellement avec un plaisir inexprimable.

Le costume des vieilles femmes de ce temps-là avait un grand avantage pour elles, et c’était celui de ne ressembler en aucune manière à celui des jeunes femmes de leur temps, avec lesquelles on ne se trouvait jamais à lieu d’établir une comparaison, toujours si défavorable aux douairières ! Les vieilles femmes étaient alors des espèces de figures à part, on les jugeait sans penser à leur sexe qui n’existait plus pour les idées de galanterie non plus que pour la toilette. Les pauvres vieilles femmes de mon temps me font grand’pitié quand je les vois avec des bonnets fleuris, des fichus menteurs et tout leur attirail juvénile, qui fait qu’on les compare involontairement avec leurs petites-filles, et qu’on les trouve horribles, en toute justice ! Je ne doute pas que le manque de respect, ou pour mieux dire l’impertinence des jeunes gens d’aujourd’hui pour les vieilles femmes, ne provienne, en grande partie, de leur sot accoutrement car enfin l’on ne saurait exiger ni s’attendre à ce que des étourneaux puissent distinguer la différence qui se trouve entre la docilité pour l’usage et la prétention ridicule. Une vieille femme est habillée comme une jeune personne ; cette vieille femme est ridicule à cause du parallèle ; elle est ridicule et c’est tout au moins, car la plus légère apparence de prétention doit la faire paraître odieuse, abominable, et je n’ai jamais pu m’expliquer autrement la réprobation universelle et le décri général où sont tombées les pauvres vieilles femmes. J’en connais qui n’osent pas s’habiller raisonnablement de peur que les enfans ne leur jettent des pierres quand elles descendent de voiture à la porte des églises, ce qui serait encore pire que de les coudoyer et de leur marcher sur les pieds dans les salons. Tant il y a qu’on est bien malheureuse d’être une vieille femme par le temps qui court, et que je ne m’en consolerai jamais !

On ne saurait avoir mieux dépeint la Maréchale de Luxembourg que ne l’a fait Mme de Flahaut dans un de ses jolis romans, et son mérite est, suivant moi, d’autant plus grand, qu’elle n’avait jamais été de la société de la Maréchale, à beaucoup près. Ce n’est pas chez son père, M. Filleul, ni chez son beau-père Labillarderie, qu’elle aura pu trouver le type du meilleur goût dans le plus grand monde, qu’elle a deviné sans l’avoir connu, et l’on a beau me répéter que c’est une femme d’esprit, la chose ne m’en paraît pas moins inexplicable.

On disait jadis que les hommes de très-bonne compagnie perdaient quelquefois la finesse de leur tact et le ton de la cour quand ils avaient des habitudes prolongées avec des femmes d’un ordre inférieur, et l’on disait que ces mêmes femmes acquéraient souvent l’usage du grand monde avec les bonnes manières et le bon goût qu’on avait laissé tomber dans leur société, ce qui faisait, du moins que le bon goût perdu ne l’était pas pour tout le monde ; mais on disait aussi que tout cela n’était qu’un vernis pour la décoration, qu’en y regardant de proche ou long-temps, on voyait pointer sous les repeints les couleurs de l’ancien tableau, et qu’à la moindre contradiction par exemple il arrivait des explosions de paroles vulgaires avec un déluge de faits et gestes, et quelquefois des emportemens vindicatifs qui paraissaient d’une trivialité surprenante !… C’est une sorte d’observations que je n’ai pas été à lieu de vérifier ; mais quant à cette perfection dans les manières, qui se trouvait quelquefois partagée entre les plus grandes dames et quelques femmes de la condition la plus inférieure, il me semble que c’est une transition toute naturelle pour arriver de la Maréchale-Duchesse de Montmoreucy-Luxembourg à Mlle Quinault, chez qui ma grand’mère, qui n’était pas moins grande dame que Mme de Luxembourg, ne manqua pas de me mener faire une visite, avec un ton d’égards et de solennité polie qui coulait de source et qu’on aurait bien de la peine à simuler aujourd’hui. Voilà, vous en conviendrez, une fameuse période. J’ai cru n’en pas finir, et ma plume en est hors d’haleine.

À propos des Montmorency je ne vous en ai pas dit tout ce que j’avais sur le cœur et pendant que je les tiens par les cheveux, je veux vous en raconter quelque chose encore, de peur de l’oublier. Mme la Vicomtesse de Laval s’avisa de vouloir un jour singer sa défunte cousine de Luxembourg, et voilà qu’elle écrivit le billet suivant au Maréchal de Ségur, qui était pour lors ministre de la guerre, et qui ne voulait pas confier le commandement d’un régiment au fils de Mme la Vicomtesse « Je ne sais, Monseigneur, si vous avez lu l’histoire de notre maison, mais vous y verriez qu’il était plus facile autrefois à un Montmorency d’avoir l’épée de connétable, que d’obtenir aujourd’hui des épaulettes de colonel, etc. » Le Maréchal de Ségur lui répondit fort à propos qu’il avait lu l’histoire de France, et qu’il en concluait que MM. de Montmorency avaient toujours été traités suivant leur mérite. On se moqua joliment de cette outrecuidante personne avec sa rabâcherie des connétables et son histoire des Montmorency, par M. des Ormeaux ou par M. du Chêne ; je ne sais plus lequel des deux, mais je sais bien que c’est la plus ennuyeuse histoire du monde[3].

Mlle Quinault, ou plutôt Quinaut, suivant la prosodie française, était une vieille fille qui vivait d’une pension sur la cassette, et qui descendait du fameux Quinaut des satires et de l’Opéra. Tout le monde savait qu’elle avait débuté sur le même théâtre ; mais il était convenu que personne ne devait s’en souvenir ou s’en tenir pour assuré, et qu’il fallait toujours rompre les chiens quand le vent du cor de chasse allait donner de ce côté-là. On convenait qu’elle avait été l’intime amie du Duc de Nevers, lequel était Mancini, le neveu du Cardinal Mazarin, et le père du vieux Duc de Nivernais d’aujourd’hui : vous voyez que Mlle Quinaut ne datait pas de la veille. On disait qu’elle avait été fort jolie ; mais ce qui la rendait nompareille, était une intelligence du monde avec un esprit de conduite incomparable. Il s’était trouvé que Mlle Quinaut n’aimait pas l’argent, et qu’elle aimait par-dessus tout ce qu’on appellerait aujourd’hui la supériorité dans les relations. Elle avait donc ajusté ses flûtes et dressé toutes ses batteries de manière à se trouver en rapport de société permanente, et sur pied d’égalité quasi-complète, avec les sommités sociales de son temps les plus escarpées et les plus inabordables. On ne savait trop comment elle avait pu faire son compte ; mais toujours est-il qu’elle avait obtenu le collier de l’ordre de Saint-Michel avec une pension considérable, et puis qu’elle avait obtenu un logement superbe, au Louvre, dans l’appartement de l’Infante, et sur le jardin du côté de la Seine, en plein midi, pour qu’il n’y manquât rien. Toujours est-il aussi que de proche en proche, et depuis le vieux Duc de Nevers jusqu’à Mme la Comtesse de Toulouse et M. le Duc de Penthièvre, qui formaient l’assemblage éminent de toutes les vertus cardinales et qui distillaient la dignité, la convenance et la formalité les plus officielles, tout ce qu’il y avait de plus puissant, de plus illustre à la cour et de plus considérable à la ville, à commencer par le Grand-Banc du Parlement et à finir par le Doyen des Maitres-des-comptes, tout cela dis-je arrivait à tour de rôle et révérencieusement dans le salon de Mlle Quinault, qui avait le bon esprit de ne vouloir jamais sortir de chez elle, et qui vous disait humblement qu’elle ne prenait la liberté de faire de visites à personne. Mais n’y parvenait pas qui voulait, dans les salons de l’Infante ! Et la fameuse Mme d’Épinay, par exemple, avait eu bien de la peine à trouver quelqu’un dans sa société qui fût assez en crédit pour la faire arriver jusqu’à Mlle Quinaut ! Enfin les choses étaient arrivées à ce point de perfection, qu’on n’aurait pas voulu manquer à lui présenter les nouvelles mariées dont le Roi, sa famille et les Princes du sang royal avaient signé les contrats, privilège qu’elle ne partageait qu’avec l’Archevêque, le Gouverneur de Paris et Mme l’Abbesse de Saint-Antoine, qui était alors une Princesse de Condé. On voit que ce n’est pas seulement d’aujourd’hui qu’il s’est trouvé des femmes exclusivement et continuellement occupées à se procurer une sorte de consistance factice et d’importance empruntée (telles que Mme de Montesson, par exemple).

Nous trouvâmes donc Mlle Quinaut bien assise et bien établie sous ses voûtes royales,

Superbement dorées et peintes,
Ainsi qu’au Louvre il appartient.

comme dit Scarron. Elle était en habit de damas noir et gris, parce que la cour était en demi-deuil, et sa robe était sur un grand panier ; elle avait bon air et bonne grace autant qu’il est possible, mais elle n’avait pas de rouge comme nous autres, et c’est ici qu’aurait commencé le ridicule avec l’usurpation. J’ai déjà dit que Mlle Quinaut était décorée de l’ordre de Saint-Michel : c’était à raison d’un superbe motet qu’elle avait composé pour la chapelle de la Reine, et c’était, je crois bien, la première femme à qui l’on eût donné le cordon noir, dont on a gratifié depuis Mme Saint-Huberty, quand elle a épousé le Comte d’Entragues. Lorsque nous entrâmes chez Mlle Quinaut, elle s’y trouvait côte à côte avec M. le Duc de Penthièvre, qui était le petit-fils de Louis XIV, ainsi que vous savez ; avec la Duchesse-douairière de Bouillon, la Princesse de Soubise et sa sœur la Landgrave de Hesse, Mademoiselle de Vertus, le Vidame de Vassé, le Grand-Prieur d’Auvergne, le Comte d’Estaing ; enfin tous les illustres de Mme du Deffant, et tous les mirliflors de l’hôtel de la Reynière n’auraient paru que du fretin en comparaison de tous les obélisques de haute noblesse et tous les faisceaux de puissant crédit que nous trouvâmes rangés autour de Mlle Quinaut.

Il faut vous dire que Mademoiselle de Vertus était une vieille princesse de la maison de Bretagne, et, je crois, la dernière de sa maison, avec laquelle nous étions brouillés pour je ne sais quel procès qu’elle avait soutenu contre nous avec le Marquis de la Grange, qui était son neveu et le plus endiablé chicaneur de la terre[4]. Voilà tout ce que j’ai su jamais de ce procès-là ; mais tant il y a que nous trouvant brouillés, je n’avais jamais vu Mademoiselle de Vertus, non plus que Mlle Quinaut, ce dont il arriva le quiproquo le mieux conditionné. J’attaquai d’abord de conversation Mademoiselle de Vertus, auprès de qui j’étais assise, à qui je fis toutes sortes de gracieusetés, et qui répondit à mes politesses avec un air surpris et touché, car c’était une excellente et sainte personne ; et pendant ce temps-là ma grand’mère, qui conversait avec la Dame au cordon noir, que je prenais pour quelque Chanoinesse de Remiremont, me regardait avec un air d’inquiétude extraordinaire, et elle me dit en nous en allant qu’elle n’avait pas douté que je ne fusse devenue folle.

Mademoiselle de Vertus m’ayant trouvée si bien disposée pour elle, ne douta pas que je méritasse une marque de son bon souvenir : nous étions parentes, et l’on me dit qu’elle s’attendait à recevoir ma visite ; mais elle mourut à la peine au bout de quatre ou cinq mois, après avoir eu l’attention d’ajouter à son testament un codicile, au moyen duquel il vint tomber subito dans ma petite cassette de nouvelle mariée, une somme de quarante mille francs en beaux louis d’or, et cela parce que j’avais pris Mademoiselle Anne de Bretagne, Comtesse de Vertus et Pair de France, pour Mlle Quinaut, simple chevalier de l’ordre du Roi. Vous pouvez juger des félicitations que je m’adressai pour avoir été si prévenante et si bonne parente à mon insu ! Et comme il faut tâcher de tirer quelque moralité de toute chose, vous pourrez juger qu’autrefois, quand on avait été bien polie, ce n’était pas toujours en pure perte, du moins !

À propos de cadeaux imprévus, de générosités singulières et de Mlle Quinaut, je vous dirai que, long-temps après ceci, la Maréchale de Mirepoix qui recevait toujours et ne donnait jamais rien, me montra pourtant un superbe cachet qu’elle allait lui envoyer pour étrennes. – Comment donc, lui dis-je, un cachet armoirié pour Mlle Quinaut ? – Et pourquoi donc pas mon cœur ? me dit la Maréchale avec un sérieux imperturbable : Mlle Quinaut n’est-elle pas fille de condition ? son grand-père avait été anobli par le feu Roi. On voit passer aujourd’hui dans toutes les rues des armoiries à couronnes de Comte et de Baron qui ne valent pas mieux que les siennes, et, du reste, c’est le Président d’Hozier de Sérigny qui me les fait blasonner d’après son registre. — Et l’Opéra ? lui répondis-je. Ah l’Opéra… n’en parlez donc pas on dirait que vous êtes méchante. Et, du reste on ne déroge pas à la noblesse en jouant à l’Opéra. M. Le Moine, ajouta-t-elle en souriant, M. Le Moine, Écuyer Sieur de Chassé et premier chanteur à l’Académie royale de musique, est le cousin germain de M. de Vaudreuil[5] ; mais, d’après l’épigramme de mon neveu de Boufflers il paraît qu’il est un peu baissé le sieur de Chassé. Elle est jolie cette épigramme :

Avez-vous entendu Chassé
Dans la pastorale d’Issé ?
Ce n’est plus cette voix tonnante,
Ni ces gammes du haut en bas
C’est un gentilhomme qui chante
Et qui ne se fatigue pas[6].

Pour terminer complètement la biographie, le panégyrique et l’apothéose de Mlle Quinaut, je vous dirai que les Princes du sang ne manquèrent pas d’envoyer leurs principaux officiers et leurs équipages à son enterrement, qui fut superbe. Les armes que lui avait données la maréchale de Mirepoix s’y voyaient partout[7].

Il me reste à vous parler de la Marquise du Deffand, qui n’était déjà plus jeune à l’époque où je l’ai rencontrée dans le monde, et qui s’y trouvait établie sur un certain pied d’importance et de considération qui confondait certaines personnes, au nombre desquelles étaient le Maréchal d’Estrées, et surtout la Duchesse d’Harcourt ; ils paraissaient en savoir beaucoup plus qu’ils ne voulaient en dire ; et j’ai toujours pensé qu’ils se taisaient par égard pour les parens et amis de cette méchante aveugle. Voici une anecdote absolument inconnue de ses biographes, et même de ses ennemis ; je la tiens du Baron de Breteuil, alors ministre de la maison du Roi, qui la tenait lui-même de l’ancien Lieutenant de police.

Mlle de Vichy de Champron était pensionnaire au couvent de la Madeleine de Traisnel, au faubourg Saint-Antoine ; elle était jolie comme un ange, et n’était pas alors âgée de plus de seize ans. M. d’Argenson, le Garde-des-Sceaux, connaissait la supérieure de cette maison, qui était une fille d’esprit et de mérite, et qui s’appelait, je me souviens parfaitement du nom, Mme de Véni d’Arbouze. C’était un grand événement dans une communauté, qu’une visite de M. le Garde-des-Sceaux, qui n’en faisait à personne, et qui n’allait jamais qu’au pas dans les rues, tout seul au fond d’un grand carrosse et sur un fauteuil à bras, escorté par ses hoquetons et suivi par un autre carrosse avec la cassette où l’on gardait les sceaux de France, et de plus, par trois Conseillers Chauffe-Cire, qui ne le quittaient non plus que son ombre ou sa croix du Saint-Esprit. La Supérieure vint le recevoir au parloir. — Je n’ai pas le temps de m’arrêter, lui dit-il en la saluant, vous avez ici la fille du Comte de Champron ? — Oui, Monseigneur. — Je vous conseille de la renvoyer à ses parens secrètement, sans bruit et le plus tôt possible ; je n’ai voulu dire ceci qu’à vous-même. Adieu, Madame[8]. C’était M. d’Argenson qui avait organisé la police de Paris, et voilà comme on faisait la police dans ce temps-là. La religieuse était restée dans un état d’alarme et de saisissement inexprimable. L’inquiétude la prit avec plus de force encore au milieu, de la nuit ; elle se rendit à la cellule de la pensionnaire où elle ne trouva personne, et d’où elle ne sortit que lorsque la demoiselle y fut rentrée, c’est-à-dire à quatre ou cinq heures du matin. On n’a jamais appris ce qui fut dit entre elles ; mais la supérieure écrivit le lendemain au Comte de Champron de manière à lui faire entendre que sa fille ne pouvait plus rester à la Madeleine de Traisnel.

Le père arriva du Bourbonnais le plus vite possible mais à peine fut-il descendu de voiture, que M. le Régent lui fit dire de venir au Palais-Royal où ce digne Prince avait à lui parler sur-le-champ ; et ce fut pour lui proposer de partir à l’instant même, à franc-étrier, pour s’en aller à l’armée de Catalogne en qualité de Brigadier des armées du Roi, que M. de Champron n’avait servi jusque là qu’en qualité de Colonel. Le malheureux père entrevit la vérité ; il quitta le Régent sans daigner lui répondre et comme il redoutait quelque violence, il s’en fut enlever sa fille avec tant de célérité que toute la suite de l’intrigue en fut déjouée.

Il alla la déposer, devinez en quel endroit ? À la chancellerie, chez M. le Garde-des-Sceaux, place Vendôme, où elle resta bien enfermée sous clef pendant plus de six mois et c’est de là qu’elle est partie pour se marier avec le Marquis du Deffand, lequel était Officier des gardes-du-corps de Mme la Duchesse de Berry.

On ne se douta jamais de rien, mais on avait cru remarquer qu’aussitôt qu’il était question de M. le Régent, Mme du Deffand semblait éprouver une sorte de malaise, et qu’elle devenait muette comme, un poisson.

Ma tante de Lesdiguières[9] avait une autre histoire de Mme du Deffand, qui prouve assez quel était son caractère, de sécheresse et de personnalité. Ma tante avait fait la partie d’aller lui faire une visite avec Mme de Bourbon-Busset[10], et ces dames s’attendaient à la trouver plus ou moins soucieuse, attendu que M. de Pont-de-Vesle se mourait et qu’il avait été pendant douze ou quinze années dans ses bonnes grâces les plus favorables. Après les premiers complimens, Mme de Bourbon-Busset, qui faisait toujours la bouche en cœur et la sensible, lui demanda des nouvelles du cher malade. — Eh mon Dieu ! j’y pensais, dit aussitôt la vieille Marquise, mais je n’ai qu’un laquais ici pour le moment, et j’allais envoyer une de mes femmes pour demander de ses nouvelles. — Madame, il pleut des torrens, répondit l’autre, et je vous supplie de la faire aller dans mon carrosse. – Ah vous êtes infiniment bonne et je vous rends mille grâces, reprit la marquise avec une satisfaction charmante. — Mam’selle, dit-elle à une femme de chambre qui vint à la sonnette, vous allez savoir des nouvelles de notre petit malade. Madame la Comtesse de Bourbon-Busset permet que vous alliez dans son équipage, à cause de la pluie ; vous allez le dire à ses gens, et bien entendu que vous ne souffrirez pas qu’un de ses laquais prenne la peine de sortir avec vous. Je suis bien reconnaissante et bien touchée de votre intérêt pour mon favori, poursuivit-elle, il est aimable, il est vif, il est caressant. Vous savez sûrement que c’est Mme du Chatelet qui me l’a fait avoir[11] ? Les deux amies se regardèrent et n’osèrent pas répondre à des confidences et des paroles aussi hors de mesure. On parle d’autre chose et la voiture arrive enfin. Eh bien ! comment l’avez-vous trouvé ? Madame, aussi bien que possible. Est-ce qu’il a bien voulu manger aujourd’hui ? — Il aurait voulu s’amuser à mordre dans un vieux soulier, Mais M. Lyonnais n’a jamais voulu. — Voilà, s’écria ma tante, une singulière fantaisie de malade ! — Enfin marche-t-il, à présent ? reprit la Marquise. — Ah pour ceci je ne saurais dire à Madame, parce qu’il était couché en rond sur son petit matelas de satin bleu mais j’ai très bien vu pour aujourd’hui qu’il me reconnaissait, car il a remué la queue… — M. de Pont-de-Vesle ! s’écrièrent les visiteuses… — Allons donc ! c’est mon petit chien dont il s’agit. — Mais à propos, ajouta-t-elle en parlant à ses gens avec un ton de sécheresse et d’âpreté, vous n’oublierez pas d’envoyer demander, tantôt, des nouvelles du Chevalier de Pont-de-Vesle.

Comme vous n’êtes pas obligé de savoir ce que c’était que M. Lyonnais je vous dirai que c’était un esculape qui demeurait à la place de Grève et qu’il avait gagné soixante mille livres de rente à soigner des chiens malades et des chats qu’on envoyait en pension chez lui. Quand il fut question de mettre en vente la terre seigneuriale et les restes du vieux château de Courtenay, je m’étais mise à dire (pour en faire honte aux héritiers de cette famille impériale) que c’était Lyonnais qui allait acheter Courtenay et qu’il en ferait porter le nom à M. son fils ce qui, du reste, n’aurait pas été facile à empêcher par les voies légales et d’après la coutume qui régit la matière seigneuriale dans la Capitainerie du Louvre, où tous les bourgeois de Paris peuvent acquérir et posséder seigneurialement les terres féodales. C’était une mauvaise plaisanterie dont l’origine ne fut pas bien connue ; le bruit s’en répandit dans tout Versailles, et M. le Cardinal de Fleury en eut une telle appréhension, qu’il envoya bien vite à Paris M. de Fourqueux pour acheter la terre avec la seigneurie de Courtenay, afin de les réunir au domaine de la couronne.

Au lieu d’acquérir la châtellenie royale de Courtenay, M. Lyonnais se rabattit sur la terre noble de Pontgibault, qui provenait de la succession de ma tante de la Trémoille, laquelle était la dernière de l’ancienne maison de la Fayette, qu’il ne faut pas confondre avec la famille de ce Marquis philosophe et républicain qui vient de faire la guerre en Amérique. Marie-Madeleine, héritière et Marquise de la Fayette, Duchesse de la Trémoille et de Thouars, était morte en 1717, à l’âge de vingt-huit ans, et c’est à cette époque-là qu’un gentilhomme d’Auvergne, appelé M. Motier, s’imagina d’ajuster le nom de la Fayette qui venait de s’éteindre, avec ce beau nom de Motier, qui était celui de sa famille. Il disait pour ses raisons que plusieurs personnages de la véritable maison de la Fayette avaient porté le surnom de Moytier ou du Moustier, au quatorzième siècle, ce qui n’importerait guère et ne signifie rien du tout ; mais toujours est-il que la postérité du Maréchal de la Fayette, ainsi que de la Comtesse de la Fayette auteur de la Princesse de Clèves, n’existe plus depuis la mort de la Duchesse de la Trémoille. Le Maréchal de Noailles m’a raconté que Louis XV lui avait dit à propos du mémoire généalogique de ces prétendus Marquis : — Avez-vous lu le roman de la famille Motier ? Il ne vaudra jamais ceux de Mme de la Fayette ! Nous n’avons jamais pu nous expliquer comment MM. de Noailles avaient pu donner ensuite une de leurs filles en mariage à ce petit Motier ? Mais ils nous disaient à cela qu’il était toujours assez bon gentilhomme pour ne pas être pendu, qu’il était riche, et surtout qu’il était très bon sujet ! Aimable sujet, en vérité ! J’ai toujours trouvé que sa pauvre femme avait été bien chanceuse[12] !

    et qu’il a marié sa sœur à M. Gentil, on a vu dans leurs publications qu’il était fils de Louis-Philippe Rigaut et de Catherine Le Moine. Voyez Moreri, tome VII page 206.

    (Note de l’auteur.)

  1. Madeleine-Angélique de Neuville, fille de Nicolas Duc de Villeroy, veuve en premières noces de Joseph-Marie Duc de Boufflers, et femme de François de Montmorency, Duc de Piney-Luxembourg et Maréchal de France.
    (Note de l’Aut.)
  2. Marie-Anne-Adelaïde de Mailly-Rubemprey, veuve de Pierre-Armand du Cambout des Ducs de Coislin, Marquis de Pontchasteau, Comte de Karheil et premier Baron de Bretagne. Elle est morte octogénaire en 1819, à Paris, où elle était citée pour l’originalité de son esprit, et surtout pour sa disposition naturelle au dénigrement.
    (Note de l’Éditeur.)
  3. Catherine-Jeanne Tavernier de Boullogne, fille de Guillaume Tavernier, Écuyer, Sieur de Boullogne, et Trésorier de l’extraordinaire des guerres. Elle est mariée, depuis l’année 1765. à Mathieu-Paul-Louis de Montmorency-Laval, premier Gentilhomme de la chambre de Monsieur, frère du Roi, et Gouverneur des ville et château de Compiègne.
    (Note de l’Aut.)
  4. François-Joseph le Lieure (ou Le Lièvre, comme on l’écrit à présent), Marquis de la Grange-le-Roy, de Fourilles et d’Attilly, Lieutenant-Général Commandant des mousquetaires de la garde du Roi Louis XV etc. Il était de même famille que cet inflexible et courageux Jean Le Lieure, avocat-général au Parlement de Paris sous les règnes de Louis XII et de François Ier, lequel avait entrepris de s’opposer à l’enregistrement du Concordat avec Léon X, en dépit du Pape et du Roi, ce qui n’aboutit qu’à l’empêcher d’être Chancelier de France. C’est une des familles les plus immensément riches du royaume, et c’est une famille de la plus vieille robe, ce dont résultait toujours que tous les présidens et conseillers des anciennes familles du Parlement étaient obligés de se récuser et de s’abstenir de siéger sur les fleurs-de-lys quand on jugeait ses procès. Les plus minimes et les plus nouveaux dans la magistrature avaient la vanité d’imiter en cela Nosseigneurs du grand banc ; c’était le bel air du Parlement de Paris, et il n’y avait si mince conseiller des requêtes ou des enquêtes qui ne montrât la prétention de se faire récuser comme parent, toutes les fois qu’on avait à juger un procès du Marquis de la Grange, ce qui ne manquait pas d’arriver souvent. Il avait épousé Mademoiselle de Méliand, dont le grand-père avait été le successeur de mon père dans ses deux ambassades de Suisse et de Venise. La présidente de Méliand de Choisy, femme de cet ambassadeur, était Mademoiselle Bossuet, nièce de l’Évêque de Meaux, et nous disions qu’elle tenait beaucoup moins de l’aigle que de l’oie. Comme nous sommes restés tout-à-fait brouillés par suite de nos procès pour la succession des Comtes de Vertus et de la Princesse de Courtenay, je ne sais si le Marquis de la Grange existe encore aujourd’hui ?
    (Note de Mme de Créquy.)

    L’auteur de ces mémoires a commis ici, contre son ordinaire une légère inexactitude ; car d’après l’Histoire des grands-officiers de la couronne, le Marquis de la Grange ne pouvait pas être le neveu et devait être le cousin-germain de Mademoiselle de Vertus, laquelle était fille d’Anne-Judith Le Lieure de la Grange, fille du Président Thomas Le Lieure, Marquis de la Grange et de Fourilles, aïeul dudit François-Joseph dont parle Madame de Créquy. Il est mort à Paris en 1808 âgé de 82 ans. Il était le père du lieutenant-général Marquis de la Grange, ancien commandant des mousquetaires, etc.
    (Notes de l’Édit.)
  5. Louis-Philippe Rigaut, dit le Comte de Vaudreuil, et l’un des mieux venus à la nouvelle Cour. Quand il a épousé Mlle Durant
  6. Tout donne à penser qu’il s’agit du célèbre Chevalier de Boufflers dont la mère, Marie-Françoise de Beauvan, Marquise de Boufflers-Rumiencourt, était la sœur de la Maréchale de Mirepoix. Mme de Créquy rapporte ailleurs les jolis vers suivans, qu’on attribuait à cette dame et qu’elle appelle la semaine de Mme de Boufflers
    Dimanche je fus aimable,
    Lundi je fus autrement,
    Mardi je pris l’air capable,
    Mercredi je fis l’enfant,
    Jeudi je fus raisonnable,
    Vendredi j’eus un amant,
    Samedi je fus coupable,
    Dimanche il fut inconstant.
  7. Michelle-Adrienne Quinaut, qualifiée Noble Damoiselle des fiefs et seigneuries de Lahyre en Valois et de la Frennetière-sous-Clermont, Chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel, pensionnaire de S. M., membre de l’académie des Arcades de Rome, etc. Il ne faut pas la confondre avec sa nièce Nicole-Julie Quinaut, pour laquelle sa tante avait obtenu un logement dans un bâtiment de servitude au Louvre où elle est morte en 1795.
    (Note de l’Auteur.)
  8. Gaspard de Vichy, Comte de Champron, Châtelain de Puysagut, etc., mari d’Anne-Éléonore Bruslard, père et mère de Mme du Deffand.
    (Note de Mme de Créquy.)
  9. Athénaïs de Créquy-Lesdiguières, Chanoinesse-Comtesse de Maubeuge. Elle est morte en 1778, âgée de cent ans et neuf mois, sans aucune infirmité.
    (Note de l’Auteur.)
  10. Madeleine de Clermont-Tonnerre, femme de Louis-Antoine de Bourbon, Comte de Busset en Auvergne et de Chaillux. Cette branche est issue de Pierre de Bourbon, Prince-Évêque de Liège, et d’une Princesse de Gueldres, dont le Roi Louis XI ne voulut jamais autoriser le mariage avec son cousin. C’est une famille qui n’est pas moins respectable pour ses vertus héréditaires et sa dignité modeste que pour son extraction.
    (Note de l’Auteur.)
  11. Gabrielle-Émilie de Breteuil, marquise du Châtelet et cousine de Madame de Créquy.
  12. Ce fut en 1780 qu’eut lieu cet étrange mariage entre Marie-Adrienne de Noailles, née en 1765, et Marie-Joseph-Paul-Yves-Roch-Gilbert Motier, Chevalier, Seigneur de Robelot, de la Grange et autres lieux ; lequel est connu sous le nom de Marquis de la Fayette, et lequel est né le 6 septembre 1757.
    (Note de l’Auteur)