Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine/Post-scriptum

Adrien Le Clere (Tome 2p. 513-514).


POST-SCRIPTUM.


Après quelques mois de marche à travers la Chine, nous arrivâmes à Macao, dans les commencements du mois d’octobre 1846 ... Notre long et pénible voyage était terminé ; et nous pûmes enfin, à la suite d’un si grand nombre de tribulations, retrouver un peu de calme et de repos. Pendant deux années de séjour dans notre maison de procure, nous avons profité de nos moments de loisir, pour rédiger les quelques notes recueillies le long de la route. De là ces Souvenirs de voyage, que nous adressons à nos frères d’Europe dont la charité veut bien s’intéresser aux épreuves et aux fatigues des Missionnaires.

Notre rentrée en Chine, pour retourner dans notre Mission de la Tartarie mongole, nous force de laisser inachevé le travail que nous avions entrepris ... Il nous resterait encore à parler de nos relations avec les tribunaux et les Mandarins chinois, à jeter un coup d’œil sur les provinces que nous avons parcourues, et à les comparer avec celles que nous avons eu occasion de visiter durant nos voyages antérieurs dans le céleste empire. Cette lacune, nous essaierons de la remplir, dans les heures de délassement que nous pourrons trouver au milieu des travaux du saint ministère. Peut-être serons-nous en mesure de donner quelques notions exactes sur un pays, dont, à aucune époque, sans contredit, on n’a eu des idées aussi erronées que de nos jours. Ce n’est pas qu’on manque d’écrits concernant la Chine et les Chinois. Le nombre des ouvrages qui ont paru ces dernières années, en France et surtout en Angleterre, est vraiment prodigieux. Mais il ne suffit pas toujours du zèle de l’écrivain pour faire connaître des contrées où il n’a jamais mis le pied. Écrire un Voyage en Chine, après quelques promenades aux factoreries de Canton et aux environs de Macao, c’est peut-être s’exposer beaucoup à parler de choses qu’on ne connaît pas suffisamment. ...

Quoiqu’il soit arrivé au savant orientaliste J. Klaproth de trouver l’Archipel Potocki sans sortir de son cabinet, il est en général assez difficile de faire des découvertes dans un pays sans y avoir pénétré.


FIN DU TOME SECOND.