Sous le masque/Le Vase merveilleux

Sous le masqueBibliothèque Internationale d'Édition, Edward Sansot (p. 167-169).
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Le Vase merveilleux


Je t'aime d'autant plus que je te sens plus frêle
Plus hésitante et plus à la merci de tous
Ô toi qu'un seul caprice en t'effleurant de l'aile
Te transformant soudain, t'emporte on ne sait où !


Le souffle d’un parfum te bouleverse,
Un seul regard suffit à troubler ton regard,
Pour un seul souvenir ton long corps se renverse
Et tu rêves sans cesse à de nouveaux départs.

Tu tends la main ouverte à toute main tendue.
Partout autour de toi rôde la fausseté,
Un geste d’amitié, une phrase entendue
Et tu donnes ton cœur charmant, sans hésiter.

Je t’aime d’autant plus que tu crois davantage
Que pour toi tout mensonge a son charme très doux,
Que tu vois un peu de beauté sur tous visages,
Un peu de vérité dans les mots les plus fous.

Je voudrais dans mes bras te serrer d’une étreinte
Si forte, qu’à jamais elle te garderait
Des flatteurs, des méchants, de l’espoir, de la crainte
De tout ce qui te tente et qui te mentirait.


Ta faiblesse m’irrite et me rend violente
Je suis comme un porteur d’un vase merveilleux
Qui s’avance en tremblant d’une marche très lente
Et qui sent sur ses mains se poser tous les yeux.

Mais parfois, élevant sur sa tête le vase
Plein d’or et de soleil, splendide et délicat
Tandis qu’autour de lui, la foule est en extase
Il rêve de briser le vase en mille éclats.