Sous le masqueBibliothèque Internationale d'Édition, Edward Sansot (p. 155-156).
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Élégie


I


L’allée est ténébreuse, et le ciel est mystique ;
L’aphrodita de marbre étend son beau corps nu,
Le gazon est humide et luisant, il a plu…
Sur le gravier s’allonge une ombre fantastique.


L’amour a, par moments, besoin de s’exiler ;
Et c’est pourquoi, ce soir, plaisir ou délivrance,
Nous allons à pas lents, baignés dans du silence,
Rechercher la tendresse au jardin isolé.

Douceur de vivre à deux, un soir de lassitude !
Ô vivre près de toi ! bonheur sans lendemain !
Tu m’aimes aujourd’hui — m’aimeras-tu demain ?
Et mon soupir a, seul, troublé la solitude.

Cependant on perçoit un long pas, qui nous suit,
Propice à conserver l'illusion divine,
Un pas léger, un pas flottant, que l’on devine :
C’est l’ombre de l’amour, dans l’ombre de la nuit.