Sonnets pour Hélène/Quand je te promettrois

Sonnets pour Hélène, Texte établi par Roger Sorgéds. Bossard (p. 225).

III

Quand je te promettrois, je ne le tiendrois pas,
J’aymerois mieux mourir, j’ay trop de conscience :
Heleine, tes propos sont pleins de défiance,
Je ne me prens crédule à si commun apas.

Le Piedmont et la Cour où d’enfance tu as
Demeuré si longtemps, m’en donnent asseurance,
Autrement dit ta langue, autrement ton cœur pense,
« Le plaisir amoureux vaut mieux que le trespas.
 
Plus d’un mignard refus, plus d’une face lente
Tu me dis que nenny, plus je suis resjouy :
C’est langage de Cour que ta voix inconstante,

Où nenny sert d’ouy : j’ay nenny trop ouy,
Dis quelquefois ouy : je serois sans attente,
Si en lieu de nenny tu me disois ouy.