SagesseL. Vanier (p. i-ii).


PRÉFACE

DE LA PREMIÈRE ÉDITION



L’auteur de ce livre n’a pas toujours pensé comme aujourd’hui. Il a longtemps erré dans la corruption contemporaine, y prenant sa part de faute et d’ignorance. Des chagrins très mérités l’ont depuis averti, et Dieu lui a fait la grâce de comprendre l’avertissement. Il s’est prosterné devant l’Autel longtemps méconnu, il adore la Toute-Bonté et invoque la Toute-Puissance, fils soumis de l’Église, le dernier en mérites, mais plein de bonne volonté.

Le sentiment de sa faiblesse et le souvenir de ses chutes l’ont guidé dans l’élaboration de cet ouvrage, qui est son premier acte de foi public depuis un long silence littéraire : on n’y trouvera rien, il l’espère, de contraire à cette charité que l’auteur, désormais chrétien, doit aux pécheurs dont il a jadis et presque naguère pratiqué les haïssables mœurs.

Deux ou trois pièces toutefois rompent le silence qu’il s’est en conscience imposé à cet égard, mais on observera qu’elles portent sur des actes publics, sur des événements dès lors trop providentiels pour qu’on ne puisse voir dans leur énergie qu’un témoignage nécessaire, qu’une confession sollicitée par l’idée du devoir religieux et d’une espérance française.

L’auteur a publié très jeune, c’est-à-dire il y a une dizaine et une douzaine d’années, des vers sceptiques et tristement légers. Il ose compter qu’en ceux-ci nulle dissonance n’ira choquer la délicatesse d’une oreille catholique : ce serait sa plus chère gloire comme c’est son espoir le plus fier.


Paris, 30 juillet 1880.