Grande Imprimerie (p. 84-97).


V


Le lendemain Mme de Sérigny écrivait la lettre suivante : « Vous pouvez arriver, cher monsieur ; vous trouverez monsieur Duvicquet et ma petite amie agréablement prévenus en votre faveur, et de mon côté j’espère que… »

— Voilà une de ces phrases, murmura Sabine en train de lire par-dessus son épaule sans qu’elle s’en aperçût, qui a perdu plus de gens que les livres que tu m’as défendus.

Renée se croisa les bras résignée à attendre.

— À propos, tu as oublié de me dire s’il était chauve… Dans les photographies on ne voit jamais exactement ces choses-là.

— S’il l’était je t’aurais avertie.

— C’est que, vois-tu, en pareil cas j’aurais regardé la boule en ivoire de l’escalier afin de m’habituer.

Force advint à Renée de la mettre à la porte et de s’enfermer pour achever la lettre.

Quatre jours après ces incidents, Mme de Sérigny présenta M. Raimbaut, son voisin de campagne, ex-conseiller de préfecture, âgé de 34 ans. Elle avait choisi un soir où Henri recevait trois ou quatre intimes, afin qu’il lui fût facile de s’isoler à côté de Sabine, et d’entamer un entretien avec elle. Mais, dès les premiers mots, la jeune fille lui coupa la parole.

— Inutile d’aller plus loin, monsieur ; je sais que vous venez pour moi et non pour mon tuteur. On nous a mis à côté l’un de l’autre pour que vous me parliez et que je réponde ; mon Dieu, c’est très simple. Ne vous donnez donc pas le mal d’un préambule qui ne m’apprendrait rien du tout puisque je sais fort bien ce que nous faisons ici.

Elle lui tendait la main à l’anglaise et il s’asseyait assez déconcerté de n’avoir en effet rien à dire.

— Si nous étions en juillet, avait-elle ajouté, sans souci de Renée qui tremblait d’une boutade de sa part, je vous aurais proposé de tenter une pleine eau afin de nous étudier complètement à l’aise en dehors des curieux… Mais en hiver, pas de ressource.

— Ce n’est nullement nécessaire, mademoiselle, répliquait alors M. Raimbaut en souriant. Je vous connaissais déjà, vous ayant aperçue…

— Ah ! oui, je sais, chez Renée, à la campagne. D’ailleurs, on n’est jamais long à savoir à quoi s’en tenir sur mon compte, n’est-ce pas ? C’est facile de voir que je suis à prendre ou à laisser.

La conversation suivant ce train-là, M. Raimbaut ne pouvait tarder à être fixé. Le lendemain il accourait trouver Mme de Sérigny.

— Elle est tout bonnement délicieuse, s’était-il écrié ; vite, vite, chère madame, ne me faites pas languir au moins.

— Ainsi vous désirez, et vous aimerez ma pauvre petite Sabine ?

— Si je l’aimerai ? si je la désire ?

Et Renée le voyant aussi épris s’empressait, d’accord avec Henri, d’arrêter l’époque à trois semaines de là. Aux interrogations de Renée, la jeune fille lui fermait la bouche par cet argument :

— Si je l’aimais maintenant, il est probable que d’ici à un mois je l’aurais pris en grippe. Mieux vaut que je sois dans l’attente d’un engouement futur que tu me prophétises.

Aussi, lorsque l’ex-conseiller lui demanda une dernière fois si elle l’épousait sans arrière-pensée.

— Du moment, lui répondit-elle, que vous êtes disposé à vous embarrasser d’une femme, mon Dieu, autant moi qu’une autre.

— Et nous ferons un grand voyage, n’est-ce pas ?… Nous irons en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Grèce !

— En Grèce, oh non ! cela vous ferait ressembler aux yeux de vos amis à Ménélas.

Il la regarda, persuadé qu’elle disait cela pour le plaisir de répéter une drôlerie.

— Je vois, fit-il du même ton, que vous vous rangez d’avance à l’opinion.

— L’opinion ? je la traiterai comme on traite une tante de province, pour laquelle on ôte les housses de son salon, afin qu’elle ne remarque pas sur les fauteuils les reins moulés en creux des amants de sa nièce, et qui s’en retourne à son clocher, en proclamant ses vaartus.

All right, murmura-t-il, en la contemplant. Puis empruntant tout à coup un accent bonhomme :

— Chère petite, je vois que nous ne prendrons pas trop au sérieux le mari un peu mûr, et la vieille maison ?

À quoi elle s’était empressée de répondre :

— Oh ! soyez tranquille, monsieur, il n’y a pas de danger que je prenne jamais rien trop au sérieux.

Débarrassé de ces vaines et banales formules de serments échangés entre fiancés, ce mariage prenait décidément Raimbaut par les apparences excentriques qu’il revêtait. En général, et dans la situation de sa fiancée, les jeunes filles ne se montraient-elles pas prodigues d’aveux ? Celle qui se dispensait d’en faire ne valait-elle pas cent fois mieux ? L’enfant gâtée de Renée raisonnait juste : elle était à prendre ou à laisser, mais on la prenait vite. Assez fat pour ne point s’effrayer de ce qu’il regardait comme la verve d’une fillette émancipée, Raimbaut s’engageait confiant, ne doutant point qu’il n’eût raison de ces soubresauts de caractère qui, un instant, l’avaient fait réfléchir. Il ne voyait rien dans ces yeux inquiets, dans cette continuelle contraction de deux sourcils en train de se rejoindre. Il ne remarquait pas les bizarres mouvements de Sabine, imprimant aux plis de sa robe une évolution brusque, sorte de révolte du cœur rendue soudain sensible à l’extérieur, vent d’orage que nous portons tous dans un pli de notre manteau, et qui, à un moment donné, paraît nous balayer les talons.

La naissance de Sabine ne se trouvait guère de celles que notre crapuleuse société accepte. Élevée par Duvicquet, comme sa pupille, elle ignorait qu’il devait être son père, et ne le soupçonnait même pas. Certaine qu’on lui cacherait la vérité sur quelques détails du passé, jamais une question ne trahit son désir de le connaître, et son enfance s’écoula entre les tendresses exubérantes dont le peintre l’accablait et les prodigieuses jalousies des parents de ses compagnes d’étude. Sa loyauté profonde, son horreur de la moindre hypocrisie, la sauvagerie qui constituait le fond de sa nature ne contribuèrent pas peu à remuer autour d’elle ces hostilités sourdes que ses professeurs, prosternés devant l’argent de leurs élèves, partageaient à son égard. Sabine, dès l’âge de dix ans, paya cher ce douloureux et effrayant privilège de n’être point taillée comme tout le monde. On s’imaginait lui faire grâce en la saluant. On lui en voulait de sa fierté, du hautain sentiment de sa valeur. Ses maîtres s’en servaient comme d’une affiche qui devait attirer à eux la clientèle ; après les succès remportés, on la traitait avec ce dédain, cette politesse protectrice qui valent les plus sanglantes injures. On croyait bonnement qu’elle ne s’en apercevait pas. Son principal professeur, qui, dix ans après, essaya de la séduire, ne lui ménagea aucune humiliation. L’état de gêne dans lequel le peintre vécut, tant que dura l’éducation de sa pupille, causa l’attitude du maître envers l’élève. Il lui en voulait, cet homme, de ne jamais apporter à ses cours ces hochets brillants, ces toilettes d’une irréprochable fashion, que ses autres élèves, habillées chez Mme Gabrielle et chez Worth, arboraient chaque semaine autour de la table longue couverte d’un tapis de serge verte. Mais ce savant, autour duquel les souvenirs de Sabine erraient à seize ans dans un mélange de reconnaissance et de haine, ce savant fit de l’enfant un être merveilleux. Quoique en l’accueillant froidement parce qu’elle n’habitait point un hôtel et qu’elle venait à pied, il comprit cependant que c’était placer du grec et du français à un taux profitable, que d’en meubler les cavités de cette singulière cervelle ne disant jamais : « Assez. »

De bonne heure l’enfant sut donc haïr, et, par anticipation, goûta toutes les ivresses des revendications sociales qu’elle ne pouvait encore exprimer.

Oh ! les conjurations antiques sur la tête de l’homme exécré ! Oh ! les enfantines figures de cire dans lesquelles, au moyen âge, on plantait des aiguilles, des poinçons dans le cœur de celui dont on rêvait de se repaître ! Malgré leurs puérilités, comme ces poupées exprimaient bien la revanche ! comme elles aidaient à la palper ! Comme on conçoit la pensée se faisant justicière, et le pouce, et l’ongle s’associant à cette pensée, pour enfoncer l’aiguille au bon endroit dans le corps en effigie ou lui dépioter le crâne, pour manipuler à coups de représailles et sous l’empreinte de la rage cette cire emblématique !

C’est ainsi que Sabine pétrissait d’avance, nerveusement, de ses doigts minces, cette argile de vengeance que nous avons tous pétrie à nos heures. Il y avait même des instants où elle s’en trouvait secouée dans son sommeil, où ce qu’elle méditait était si fort qu’elle en restait comme étranglée. Un jour elle prit une de ses poupées et la mit dans la posture où elle rêvait de tenir plus tard la mieux convoitée de ses victimes : elle lui arracha les cheveux et lui planta une épingle dans la nuque ; peu à peu elle en vint à incarner quelqu’un dans cette poupée mutilée, et elle croyait sentir son cœur, à elle, se vider lentement, goutte à goutte, de plaisir.

Renée, qui l’avait eue pendant les vacances, respira en elle cette poussière végétale d’idées aux formes lancinantes, dont la sève extraordinaire rongeait l’orifice de la coupe bizarre où elles croissaient. Renée recula, elle que rien n’ébranlait, en voyant ces idées empreindre jusqu’aux gestes et tourmenter l’enveloppe féminine de la petite fille. Il se manifesta dans l’enfant ce phénomène physiologique où l’on voit certaines lignes du masque humain s’allonger ou s’incliner, affluer vers l’oreille, tourner le menton, ourler plus légèrement les contours, et, selon que l’idée opère en nobles courbes ou se recroqueville sous la lenteur de son évolution, le facies s’amoindrir ou s’épurer par contre-coup.

Sabine n’était certes pas délestée de cette passion de la revanche, en atteignant seize ans.

L’époque du mariage approchait. Duvicquet ne sortait presque pas de l’atelier. Sabine y venait moins souvent, ne s’effarouchant pas, lui rendant boutade pour boutade ; soucieuse, elle aussi, elle stationnait parfois une minute sur ses genoux, un de ses bras passé autour du cou du peintre, le regardant d’un air assez étrange. Une décharge d’électricité sexuelle jaillissait de leurs personnes. Inconsciemment elle sentait quelque agent secret qui la travaillait et l’alentissait. Un frisson lui rayait la peau quand il l’embrassait. Pourquoi la pression prolongée d’une des mains d’Henri le long de son corps la laissait-elle imprégnée de convoitises, de ces convoitises dont l’ardeur se veloutait encore pour elle des mystères de l’ignorance ? Qu’y avait-il au fond d’étreintes aussi rageuses ? Pourquoi l’affection qui semblait dominer M. Raimbaut lui mettait-elle au visage un contentement qui ne lui enlevait rien de l’aisance de ses manières, tandis que celle d’Henri se traduisait par la brutalité des appels, la singularité des silences, l’enfièvrement des mains, le choc de sa personne contre un mur ou un siège, ou la suavité soudaine de son grand œil suivant ses bonds dans la chambre, lorsqu’elle quittait le divan ou elle laissait les coussins de travers comme un lit défait ?

— Comme vos cheveux sentent bon ! lui dit-elle un matin, installée dans sa posture favorite, pendant que Mme de Sérigny versait le café. Vous ne vous servez jamais de pommade ?

— Jamais.

— Respire donc, Renée ; ça sent le nid, moitié foin, moitié aile d’oiseau ; c’est étonnant.

Elle aspira longuement l’arome de cette chevelure brune, se grisant déjà des odeurs du mâle, plongea sa bouche dans le cou d’Henri et lui embrassa les joues et les paupières.

— Encore ! faisait-elle en lui appliquant de gros baisers près de l’oreille. Mais votre barbe me gêne. Allons, vite une risette, monsieur, ou je me fâche.

Il sourit pâlement et voulut la glisser à terre.

— Non, restez comme cela, dit-elle avec son despotisme ordinaire. Je tiendrai votre soucoupe pendant que vous boirez, mais ne bougez pas.

Renée apportait la tasse. Sabine la prit et chercha à la porter aux lèvres de Duvicquet ; mais, à un mouvement fébrile échappé à son tuteur, elle laissa tomber la soucoupe qui se brisa.

— Sacré tonnerre ! gronda le peintre.

— La porcelaine ne dure pas longtemps ici, s’écria Renée.

— Elle était déjà fêlée, murmura la jeune fille, qui voulut descendre des genoux d’Henri pour ramasser les fragments épars.

Mais elle sentit qu’il la retenait ; pendant que Renée appelait pour qu’on ramassât les débris, elle se remit commodément dans sa position favorite.

Il la renversait et lui donnait des tapes à travers sa jupe, sur le derrière, comme à une petite fille ; soudain elle se redressa :

— Monsieur, finissez ! Je vais être une femme bientôt.

— Tu crois ? répéta-t-il en continuant le même jeu.

— À propos, demanda Sabine, dites-moi donc un peu…

— Quoi ? interrogea le peintre la voyant s’arrêter au milieu de sa phrase.

— Rien, fit-elle d’un ton décisif en le regardant narquoisement.

La bonne achevait d’éponger le tapis, et s’en allait ; le silence continuait entre eux.

— Je suis sûre, interrompit Sabine, que la vaisselle doit durer plus longtemps chez M. Raimbaut.

— Pourquoi ? interrogea Renée, l’examinant du coin de l’œil.

— C’est qu’il ne ressemble guère à quelqu’un qui soulève des tempêtes et sème les débris autour de lui.

— Elle ne l’aime pas, songeait Duvicquet.

— Ah ! mon Dieu ! continua l’enfant, si j’allais ne pouvoir m’en accommoder maintenant.

— Il se passerait de toi, voilà tout, répliqua le peintre, ressaisissant ses railleries habituelles.

— Et vous croyez, s’écria Sabine avec un aplomb comique, que de l’homme que je repousserai, on pourra dire : « Il en sera quitte pour s’en passer ? » Vous croyez que ça n’est pas autrement difficile que cela ?

— Prétends-tu qu’il en mourra, par hasard ?

— Demandez à Renée.

Elle regarda Mme de Sérigny d’un air de défi enfantin, se leva et s’approchant d’elle, ajouta :

— Voyons, t’imagines-tu, toi, qu’il pourra répondre, celui que je repousserai : « Qu’importe ! » et rien de plus ?

Et, comme la Marco d’Alfred de Musset, elle traça dans l’air un signe.

— Si ça ne fait pas suer ! grommela Duvicquet, enchanté intérieurement ; où nous conduira-t-elle ?

— D’abord, poursuivit étourdiment la jeune fille, en allant s’allonger dans un fauteuil, il n’est qu’une seule chose dont je sois certaine, c’est que je choisirais mon genre de perdition, si je devais jamais être jamais séduite par quelqu’un.

— Ah bah ! reprit Henri ; ça promet.

— Est-ce que vous refusez d’admettre, comme moi, monsieur mon tuteur, qu’il est des hommes par qui il ne serait nullement désagréable d’être déshonorée ?… Il me semble qu’il est des chutes si belles, qu’elles font excuser celui qui en a été l’objet… J’ai lu ça, hier, dans un feuilleton, ajouta-t-elle, remarquant Mme de Sérigny prête à se fâcher. Voyons… il n’y a pas de quoi me dévorer comme un Anglais dévore ses favoris.

Elle regardait son tuteur de ses yeux troublants remplis de philtres mauvais, la joue émaillée d’une rougeur.

— Écoutez donc, acheva-t-elle de cet accent envolé dont elle seule avait le secret ; écoutez donc ; ce petit groupe de fibres et de muscles, ce faisceau de nerfs qui a nom Sabine, détermine une fille de la décadence du Bas-Empire, de tout ce que vous voudrez de bon ou de perversif ; mais les quatre ou cinq pouces de chair dont il est formé exigent impérieusement les sensations de l’existence parisienne, et se refusent à se laisser pétrir dans les moules à pâtisserie de la province.

— En sorte, conclut Renée en cessant de froisser les journaux, que si M. Raimbaut tenait un peu à prolonger son séjour dans ses terres…

— Dame ! je ne dirais certes point : Voici la servante du Verbe ; qu’il me soit fait selon sa volonté.

Il y eut un silence. Henri et Renée restaient enfouis dans la pesanteur de leur rêve.

Sabine contemplait son pied dont le bas était en train de rosoyer à la flamme. Elle le caressa une minute, et prit sur la cheminée un petit volume de Molière, édition diamant.

Un coup de sonnette et une porte refermée retentirent.

— M. Raimbaut ! jeta la voix d’un domestique.

Quelle nouvelle ? s’exclama joyeusement Mme de Sérigny allant au-devant de lui.

Il la salua, remarqua Sabine qui conservait sa pose boudeuse, courut à Henri et s’écria :

— Les démarches sont terminées à la mairie, les papiers en ordre, l’affichage a lieu demain ; n’est-ce pas, cher maître, nous fixons le mariage à lundi en huit ?

— Je vous approuve, dit gaiement Renée.

— Allons, vous avez du courage, répliqua le peintre, moitié plaisant moitié sérieux, et lui serrant la main avec cordialité en signe d’acquiescement.

Le nouvel arrivé restait planté devant Sabine.

— Quoi, pas encore habillée ? Ensevelie dans les cendres ? Moi qui vous amenais Pollux, le poney tant désiré.

— Est-ce vrai ? s’écria la jeune fille transportée, et sautant tout à coup, un de ses pieds nu et l’autre chaussé ; oh ! monsieur, que vous êtes aimable !

— Ainsi, remarqua Renée, ce n’est pas assez de son cerveau pour caracoler, il faut que les jambes s’en mêlent ?

— Il aura, acheva le peintre en regardant Raimbaut, d’excellentes façons de mater les désirs de sa femme.

Radieux du plaisir qu’il causait, Raimbaut saisit la main longue et fluette de Sabine, qui n’avait point quitté le petit volume. Était-ce le hasard ? Était-ce préméditation ? L’indéchiffrable ne traçait-il pas ses hiéroglyphes au fond de ce cœur de fillette ? Quoi qu’il en soit, en élevant cette main à la hauteur de ses lèvres, M. Raimbaut baisait en même temps un pouce effilé, dont l’allongement sur une page du Molière lui en dérobait une ligne, une réplique atroce dans son inflexibilité :

— « Tu l’as voulu, George Dandin… »