Sérénade au milieu d’une fête
Œuvres complètes de François Coppée, Librairie Aldre Houssiaux, , Poésies, tome IV (p. 136-137).
SÉRÉNADE AU MILIEU D’UNE FÊTE
QUE s’éteignent les gaîtés,
Que cesse le rire !
— C’est la musique. Écoutez !
Comme dit Shakespeare.
Sous le ciel nocturne, allons,
Pour la mieux entendre.
Pianissimo, violons !
Jouez un air tendre.
Un voyage au pays bleu,
Je vous en supplie !
Un peu de mystère ! Un peu
De mélancolie !
Au bras de votre servant,
Femmes, sous vos voiles,
Comparez, en les levant,
Vos yeux aux étoiles.
Écoutez, cœurs ingénus,
La chanson touchante
Que pour les astres émus
Le rossignol chante.
Respirons l’odeur du foin,
Le parfum des roses.
Salut, fleurs du ciel de juin
Largement écloses !
Que vers votre pur éclat
Notre esprit s’élève !
Nul plaisir n’est délicat
Sans un peu de rêve.