Aux dépens d’un amateur, pour le profit de quelques autres (imprimé à Paris) (p. 31-45).

CHAPITRE III

HISTOIRE D’UNE SOUBRETTE LASCIVE


Nous avons dit que Mlle Germaine était la femme de chambre des jeunes filles. Son portrait : physiquement assez jolie, avec une abondante chevelure, des yeux noirs et profonds, une taille fine et un corsage bien rempli ; portant gaillardement ses vingt-cinq printemps. Au demeurant, à part la toilette, le type accompli de ces soubrettes futées qui font sur nos théâtres la joie des lorgnettes.

Moralement, elle était une Parisienne intelligente et sans préjugés. Arrivée à Messange depuis dix mois à peine, elle n’avait pu entrer dans l’intimité de la fière jeune fille que nous connaissons peu disposée à encourager les familiarités d’une femme de chambre, mais il ne devait pas en être de même de la petite Marguerite.

Son histoire, qui est un peu celle des dessous de Paris, est au moins originale et mérite qu’on s’y arrête.

Née de parents besogneux, elle avait passé son enfance dans la rue avec les enfants de son âge, jouant, gaminant, faisant élection de domicile sur les fortifications, près de chez elle, abandonnée de tous, telle l’herbe folle qui croît entre les pavés de ces quartiers déshérités. Y a-t-il rien de plus précoce que l’enfance pauvre à Paris ? Observez les fortifications, vous verrez que garçons et fillettes s’y livrent à des jeux d’une étrange intimité.

La petite Germaine avait donc vécu cette vie de plaisir précoce. Au début, cependant, la brave petite fille avait longtemps refusé ces intimités troublantes qui l’effarouchaient, mais cela agaçait les gamins et gamines. La brunette était jolie et bien tournée, tous la désiraient, en outre cette réserve vexait ses camarades. Un garçonnet plus écouté que les autres parce qu’il était le plus fort, avait essayé de la convaincre, c’est-à-dire l’avait couchée sur le gazon et avait voulu relever sa petite jupe, mais la fillette s’était joliment défendue et avait poussé de tels cris que le galopin avait dû filer avant d’avoir satisfait sa curiosité. On pensa qu’elle aimerait mieux les filles. Une blondinette s’en fit une amie, l’embrassant et lui caressant la figure. Elle passait même quelquefois vivement la main entre les cuisses de Germaine, touchant par la fente de son pantalon les parties sexuelles qu’elle voulait caresser. Parfois, aussi, assise devant elle, relevant ses propres jupes et ouvrant son pantalon de la main gauche tandis que de l’autre elle caressait sa petite fente, y introduisant le doigt du milieu et lui donnant un rapide mouvement de va-et-vient sur le petit monticule rose de la partie supérieure, elle suppliait son amie de venir lui faire cette caresse. Pendant ce temps, sa figure devenue rouge, sa respiration plus rapide, ses yeux brillants de plaisir et les mouvements nerveux de tout son corps jusqu’au moment de la jouissance où elle s’étendait pâmée, montraient clairement que la représentation n’avait rien de simulé.

La petite Germaine, troublée par des spectacles aussi lascifs, était désireuse au fond de goûter à des plaisirs inconnus d’elle, mais elle n’osait pourtant essayer encore par timidité.

À la fin, quelques gamins mécontents, mais surtout allumés par cette résistance si nouvelle pour eux, complotèrent d’obtenir par la force ce qu’elle leur avait refusé jusque-là. On était en octobre, et le jour était tombé plus vite à cause d’un ciel chargé de nuages. Sous prétexte de jeu, on emmena la petite dans un coin à l’écart. Un des garçonnets s’était dévoué à surveiller les alentours, il fit le signe convenu.

Alors les autres saisirent ensemble Germaine, la couchèrent sur le gazon. La gamine se débattit vaillamment, mordant l’un, envoyant des coups de pied aux autres, suppliant les jeunes garçons de la laisser ; mais la lutte était inégale, elle fut bientôt réduite à l’impuissance. Couchée sur le dos, deux d’entre eux lui tenaient les bras, d’autres les jambes ; alors, les yeux avides de curiosité, les gamins lui relevèrent sa robe et son jupon au-dessus de la ceinture ; mais comme ils étaient gênés par le petit pantalon blanc qui ne permettait pas à tout le monde de voir, une des fillettes présentes qui était du complot vint en défaire les boutons et le lui enlever en le tirant par-dessus les bottines. Tout en maintenant les jupes très relevées sur la poitrine, on lui écarta largement les jambes, et tous, gamins et gamines, purent repaître leur curiosité lubrique de ce ravissant corps de fillette, au ventre bien dessiné avec des hanches déjà indiquées, aux cuisses potelées et fermes pour son âge, séparées à leur commissure au bas-ventre sans poils par une charmante petite fente semblant les deux lèvres d’une bouche vermeille. Mais cette vue ne leur suffit pas ; ils retournèrent doucement la fillette et admirèrent un joli petit derrière aux fesses fermes et rebondies, à la peau douce et blanche ; puis, l’un des gamins lui écartant un peu les fesses, au grand plaisir des autres, leur montra la mignonne rosette plissée, cachée dans l’étroit vallon. On la remit sur le dos et chacun voulut à son tour, caresser la petite fente et branler le bouton rose qui paraissait assez développé. Alors, une petite fille qui en mourait d’envie depuis longtemps, la blonde amie de Germaine, écarta les garçons et, au milieu de leur enthousiasme et de leurs remarques polissonnes, se coucha entre les cuisses de la petite et se mit à lécher avidement ses parties sexuelles. Écartant avec le doigt les jolies lèvres rouges, sa langue passait et repassait dans toute la longueur de la fente, puis elle roula le clitoris entre ses lèvres et lui donna des petits coups de langue d’une rapidité extrême. Au bout d’un certain temps de ce jeu, le ventre de Germaine montait et descendait et ses cuisses étaient ébranlées par un mouvement nerveux. Alors tous se rapprochèrent, avides, de l’opératrice : « Elle va jouir ! Elle va jouir !… » Hardi, Thérèse, il faut que tu la fasses jouir ! Celle-ci ne demandait pas mieux que de mener à bien sa gentille besogne.

Pendant ce temps, deux gamins, très allumés, s’étaient amusés à relever les jupes de l’opératrice, qui affecta de ne pas s’en apercevoir ; et tandis que l’un ayant passé par derrière sa main entre les cuisses, avait réussi à faire pénétrer son doigt dans le petit trou enfoui entre les fesses et un autre dans le vagin (Thérèse étant déflorée depuis longtemps par ce moyen), les agitait tous les deux, l’autre gamin, la main passée sous le ventre, la branlait avec passion, et c’était maintenant au tour de Thérèse de serrer les cuisses convulsivement et de commencer à jouir.

Cependant, comme les gamins l’avaient déjà remarqué, et malgré le dépit que lui provoquait cette agression subite, Germaine avec sa nature chaude de brune, comprimée jusque-là, semblait en effet, vaincue par un plaisir tout nouveau pour elle, devoir approcher de la jouissance suprême. Sa figure était très rouge et sa respiration haletante et saccadée ; des sons confus sortaient de sa gorge et toujours davantage ses reins se cambraient et ses petites cuisses serraient à l’étouffer la blonde tête de Thérèse qui, ayant l’habitude de ce jeu, et reconnaissant l’approche du spasme final, oubliait sa propre jouissance pour lécher avec ardeur la fillette, se bornant maintenant au clitoris. Garçons et petites filles, très excités, se rapprochèrent haletants, pour surprendre la jouissance de leur petite victime. Germaine, arrivée au spasme final, s’allongea soudain sur le dos, tandis qu’une exclamation de jouissance sortait de sa gorge, que ses poings se serraient fébrilement ; et un peu de liquide chaud et limpide jaillit de sa petite fente et mouilla Thérèse au visage avant qu’elle ait eu le temps de se retirer. Elle-même arriva à ce moment au dernier spasme de la volupté et s’abattit sur l’herbe.

Tous, garçons et fillettes, poussèrent des hurrahs, enchantés de leur succès, et surexcités par cet affriolant spectacle, se livrèrent les uns sur les autres à d’intimes caresses, leur jeu habituel. Ils se montrèrent bons pour la pauvrette qui, toute honteuse, cachait sa figure dans ses mains. Ils la relevèrent, la consolèrent de leur mieux de sa mésaventure et lui promirent qu’à l’avenir elle ne serait plus inquiétée. Ils savaient, les espiègles, que Germaine qui venait de connaître le plaisir, était gagnée à leur cause. C’est ce qui arriva en effet. Elle accepta les caresses de son amie Thérèse, les lui rendit à son tour, eut d’autres amies et se prêta comme elles aux lubriques plaisirs des garçons. Ces derniers eurent vite fait de la déflorer malgré son jeune âge, les doigts aidant au besoin à l’insuffisance de virilité.

À quinze ans, Germaine entra comme plieuse dans la grande imprimerie de la rue de Rome et devint, comme ses compagnes, la maîtresse d’un typographe.

Son amant, très expert au joli jeu d’amour, compléta son éducation sous ce rapport. Elle apprit tout, et tout lui plut, car son tempérament l’y prédisposait. Elle prit un égal plaisir à offrir à son ami sa merveilleuse grotte d’amour sertie d’une épaisse touffe de poils longs et frisés ou sa mignonne rosette blottie entre deux fesses d’une beauté troublante. Sa bouche adorable, aux lèvres sensuelles, sut par d’expertes caresses données partout et surtout au sceptre d’amour, procurer toutes les gammes de la volupté. Ses reins flexibles se prêtèrent admirablement à toute l’acrobatie amoureuse ; et pourtant il lui arriva parfois de regretter les intimes caresses des fillettes de son âge. Son amant, malgré tout son savoir, n’arrivait pas à l’infinie délicatesse de ses amies féminines dont les douces caresses de chattes lui procuraient de suprêmes délices et la plongeaient dans une extase enchanteresse.

Un jour qu’elle était allée porter des paquets de cartes de visite chez une cocotte huppée du boulevard Haussmann, — elle avait alors vingt ans, — celle-ci la trouva gentille avec ses grands yeux noirs qui donnaient tant de charme à sa figure, et l’attacha immédiatement à son service avec des gages tels que Germaine ne pouvait hésiter.

Des diverses écoles des plaisirs sexuels où elle avait passé jusque-là, aucune n’était comparable à cette maison de l’amour élégant et facile. Dès le lendemain de son entrée au service de Mme Blanche d’Antigny, celle-ci la fit appeler. Comme il n’était pas midi, elle était encore couchée. Elle fit signe à Germaine d’approcher.

— Plus près, mon enfant, fit-elle en lui prenant les mains, nous avons à causer ensemble. Et d’abord, es-tu contente d’être entrée à mon service ?

— Oh oui, madame, c’est très beau ici, et puis vous avez été si généreuse pour moi.

— Sais-tu bien que dans ton service il y aura parfois des choses un peu… un peu délicates, tu me comprends. Des messieurs, des dames viennent me voir, ils te trouveront jolie, il est très important que tu ne t’effarouches pas pour ne point leur déplaire. S’ils veulent parfois t’embrasser ou te caresser un peu, il faut te laisser faire, on n’est pas morte pour cela. Dis-moi, petite, sauras-tu t’habituer à ces choses-là ?

Germaine, feignant l’ignorance, baissait les yeux sans répondre.

— Tu ne dis pas non. Oh ! je vois bien que nous pourrons nous entendre. Ce que je te demande n’a rien de désagréable quand on est jolie et faite à souhait comme toi. D’ailleurs tes complaisances te vaudront de ces petits cadeaux qui entretiennent l’amitié. Dis-moi que tu sauras bien t’y habituer, allons !

— Mais madame… s’il le faut absolument… je ne dis pas non. Je tâcherai de vous contenter.

— Voilà qui est parler ! C’est très bien cela. Tu es gentille à croquer, sais-tu bien ! Allons, viens me donner tout de suite une preuve de ton bon vouloir. Embrasse-moi.

Pendant que Germaine obéit, sa maîtresse, la retenant d’une main, fait sauter de l’autre les boutons de son corsage et lui prend la gorge.

— Quelle fraîcheur ! Quelle fermeté ! On n’est pas faite comme cela. Ce qu’on voit donnerait envie de voir ce qui est caché.

Germaine sentit la main de sa maîtresse s’égarer sous ses jupes.

— Madame, je vous en prie, dit-elle pour la forme.

— Quelle chair ! Quel satin ! je donnerais une année de ma vie pour pouvoir être pendant une seule nuit ton petit amoureux. Et ces poils tout frisottés !

— Mais, madame, je n’ai pas d’amoureux.

— Pas d’amoureux avec cette figure-là, ce n’est pas possible. On ne doit pas conserver pour soi ces choses-là. Tu aurais bien tort. Si tu n’aimes pas les hommes, c’est que tu préfères peut-être les petites camarades de ton âge, ce qui ne serait déjà pas si sot.

Mme Blanche embrassa de nouveau Germaine en commençant à chatouiller plus vivement les charmes intimes dont elle s’était amusée légèrement jusque-là.

— N’est-ce pas que j’ai deviné juste et que tu préfères à ces lourdauds d’hommes les caresses de gentilles petites femmes comme toi.

— Il est vrai, madame, qu’elles sont plus agréables, fit Germaine, qui voyait fort bien où voulait en venir sa maîtresse.

— À la bonne heure ! Nous serons de bonnes amies toutes deux, si je ne te parais pas trop vieille et si je ne te répugne pas trop.

— Oh ! madame est au contraire fort jolie.

— Petite flatteuse, va ! Je ne serais pas si jolie si je n’avais recours à tous les artifices de la toilette, tandis que toi, tu es jolie sans rien, et c’est là la vraie beauté.

Tout en discourant, Mme Blanche augmentait ses caresses intimes.

— Mais… mais, Madame, fit Germaine, vous me troublez, je ne sais… je ne puis…

La maîtresse accélérait toujours ses caresses et les concentrait maintenant sur le clitoris qu’elle branlait avec passion.

— Les charmants yeux, friponne, tu vas jouir.

Germaine se laissant aller sur le lit :

— Il est vrai que… Oh ! Madame !… Vous me faites mourir… Oh ! je jou… ou… ou… is !

Mme Blanche, très excitée elle-même par ce petit jeu, sauta prestement à bas du lit et plaçant à son tour sur le lit Germaine, qui se laissa faire docilement, enchantée au fond de la tournure qu’avait prise l’entretien, lui rejeta sur la figure robes et jupons, et passant la tête entre les charmantes cuisses de sa petite bonne, attacha goulûment sa bouche aux parties que sa main venait d’agacer, la léchant, la suçant, la mordillant, jusqu’à ce qu’elle lui eût donné des preuves certaines qu’elle était arrivée une seconde fois au spasme suprême de la volupté.

Quand la jeune fille fut remise de son émotion, Mme Blanche lui demanda doucement si elle voulait lui rendre le même service. Sans attendre la réponse, elle enleva prestement sa chemise, offrant sa superbe nudité aux yeux de sa petite bonne ravie, s’installa sur le lit, embrassa Germaine et lui demanda bas à l’oreille, par mignardise, de bien vouloir se dévêtir comme elle. En un tour de main, celle-ci enleva ses vêtements et apparut sans voiles dans sa radieuse beauté à sa maîtresse éblouie qui ne tarissait pas d’éloges sur ses charmes, les énumérant, s’extasiant, faisant tourner la belle fille pour l’admirer de tous côtés. Puis, l’attirant sur le lit, elle la couvrit de baisers, et, folle du désir de jouir à son tour par cette ravissante enfant, elle la fit mettre à genoux devant elle, lui prit la tête entre les mains et la dirigea elle-même entre ses cuisses, en ce charmant endroit qu’avaient excité les scènes précédentes. Germaine se laissait faire, excitée elle aussi et charmée de pouvoir fourrer son petit museau dans la chair blanche et parfumée de la belle dame. Ses mains écartèrent l’épaisse fourrure blonde de sa maîtresse, et sa langue eut vite trouvé le gros bouton d’amour logé entre les lèvres grosses et rouges, comme un rubis en un écrin de velours pourpre. L’experte friponne eut tôt fait de faire sous ses caresses exquises se tordre de plaisir sa lubrique maîtresse qui fut enchantée de découvrir autant de talent chez sa petite bonne.

Inutile de dire que ce joli duo se renouvela souvent par la suite et que la belle minette était ravie de sa jolie et complaisante petite bonne. Point n’est besoin non plus de raconter par le menu les nombreuses et croustillantes aventures de Germaine en ce milieu d’amour raffiné. Les nombreux amis et amies de la maison goûtèrent, eux aussi, à ce morceau de roi qu’elle était.

Comment une personne d’une éducation amoureuse aussi soignée avait-elle pu entrer au service de la marquise de Messange ?

Les amants de Mme Blanche préféraient la jeune et jolie bonne à sa maîtresse. Celle-ci finit par en prendre ombrage et ne voulut plus admettre sa bonne en tiers dans ses plaisirs. Germaine préféra se retirer ; sa santé ne s’accommodait guère, du reste, de la vie très fatigante qu’elle menait à Paris. Elle se retira en Touraine, chez sa tante, et chercha à se placer dans un château de ce joli pays pour se reposer dans un service facile et élégant. Or, Mme Marneffe, sa tante, qui était connue et appréciée depuis longtemps à Messange, proposa à la marquise de la prendre à son service. Celle-ci, frappée de l’intelligence de la jeune fille et de son air de franchise, accepta immédiatement Germaine sans plus amples informations.

Nous la retrouverons dans ce récit.