Romances (Marceline Desbordes-Valmore, 1860)/L’Espérance

RomancesCharpentier (p. 168-169).


L’ESPÉRANCE


Comme une vaine erreur,
Comme un riant mensonge,
S’évanouit le songe
Qui faisait mon bonheur.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour !

Ce tendre sentiment,
Cette aimable folie,
Ce charme de ma vie,
Sans toi n’est qu’un tourment.

Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour.

Déjà, pour me punir
D’avoir été trop tendre,
Je consens à te rendre
Un si cher souvenir.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans la course légère
Emporte mon amour.

Que voulez-vous de moi,
Raison trop inflexible ?
Tourment d’un cœur sensible,
Je cède à votre loi.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour.