, Préfacier
Marines (1881)
Rimes de joieGay et Doucé, éditeurs (p. 133-135).
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Marines



I

Heure du Bain.





S ur le sable mouillé la lourde et large roue
Crie. Hop ! hop ! la cabine est à l’eau. Bras menus,
Cous bruns et ronds vont luire au rayon qui tatoue…


Et le chaud soleil mord cous ambrés et bras nus !


Le torse cambre et craque au maillot qui frissonne,
Le vent du Nord halète et moule à plans osés
Le contour lumineux qui se désemprisonne…


Et l’immodeste brise applique des baisers !


Agrafant des colliers aux gorges dédaigneuses,
Le flot rieur flagelle et bat les souples flancs,
Malgré vos cris mignards, ô poltronnes baigneuses…


Et la vague lascive enlace les corps blancs !


II

La Mer fâchée.



La mer baîlle. Ses flots très-ennuyés font rage.
La vague écume et siffle échevelant dans l’air,
Comme un long coup de fouet, sa crinière d’orage,


Fouet monstre qu’on croirait effilé d’un éclair.


La mer est, ce matin, bien sombre, bien austère.
Elle a d’étranges voix et de fantasques cris
Que, tremblante, redit sa vieille sœur, la terre ;


Et les échos au loin hurlent, endoloris…


Or, devant cette mer aux farouches fanfares,
Je songe à vos yeux noirs singuliers et profonds
Et terribles comme elle, à vos grands yeux bizarres


Qui me tiennent noyé dans leurs gouffres sans fonds.


Vignette de fin de chapitre