Revue des Romans/Maria Merlin

Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MERLIN (Mme la comtesse).


*MES DOUZE PREMIÈRES ANNÉES, in-18, 1831. — Ce livre est une confession naïve et pleine de charme de ces impressions si vives, si entraînantes, si décisives, d’une jeune fille dans des régions où, comme l’inscrit l’auteur au frontispice de son ouvrage, il n’y a pas d’enfance. Ce sont des mémoires très-neufs et qui ont beaucoup d’intérêt, quoique les événements y soient, comme on doit le penser, peu multipliés ; l’auteur est née à la Havane, et le premier spectacle qui l’a émue est celui de l’esclavage et des souffrances endurées par les misérables créatures qui s’y trouvent condamnées. Elle en parle avec indignation, et on ne lit pas sans émotion quelques endroits qui signalent le désir de protéger ces infortunes. Souvent leur triste condition suggère à Mme la comtesse Merlin des réflexions qui, en même temps qu’elles partent d’une belle âme, dénotent un esprit d’observation fort remarquable.

*HISTOIRE DE LA SŒUR INÈS, in-8, 1832. — La sœur Inès est une jeune fille destinée dès son enfance pour le cloître, et condamnée à quitter le monde à quinze ans, afin de permettre à la noblesse paternelle de suivre librement la ligne masculine sans rien perdre de son éclat et de son opulence. Lorsque l’heure fatale est venue, entourée d’un cortége de fête, elle est conduite à l’autel parée de fleurs, et séquestrée pour jamais de la société. Cependant, dans sa retraite forcée, le cœur de la jeune fille n’a point cessé de battre au souvenir d’un premier amour que n’effacent ni les grilles du cloître, ni les chants d’église. Éclairé par un soupir de douleur, le frère d’Inès vole auprès d’elle, et, aidé de celui qu’elle aime, il trompe le gardien, déchire le pacte impie du temple, et enlève sa sœur au barbare sanctuaire où l’on sacrifie la vie humaine pour en faire une offrande aux autels. Le navire est préparé et le vent favorable, la terre disparaît et la prêtresse affranchie se balance au milieu d’un océan de bonheur et d’espérance, comme le vaisseau qui la porte se balance sur les flots azurés de la mer. Il serait doux de la voir débarquer dans le port riche d’amitié et d’amour, de lui accorder de longs jours de sérénité et de chaleur sous le beau ciel des Florides, de lui voir recueillir le fruit de tant de peines et de douleurs. Hélas ! toute cette espérance de bonheur vient s’ensevelir sous les flots de la tempête.

On a encore de cet auteur : Souvenirs et Mémoires de madame la comtesse Merlin, 4 vol. in-8, 1836.