Rencontres et entretiens/Conclusion

Le Devoir (p. 155-159).


Conclusion



En terminant ce petit volume, amis lecteurs, je veux vous donner la raison pour laquelle je me suis décidé à publier ces pages sur les agissements de nos vieux Canadiens :

Trop souvent, hélas ! notre jeunesse franco-américaine entend proférer à l’adresse de nos vieux parents ce « Frenchmen » dit d’un ton méprisant par une certaine classe d’émigrants ignorants des « Vieux pays ».

À force d’entendre répéter ces propos dédaigneux, ces paroles de mépris continuel, le doute et le malaise finit par s’implanter dans le cœur d’un grand nombre de nos jeunes enfants. Ô honte ! ô malheur ! quelques-uns d’entre eux en viennent même, hélas ! jusqu’à méconnaître leurs parents et renier leur foi, l’honnêteté et l’honneur.

Jeunes Franco-Américains, haut la tête et le cœur ! Songez à la considération, à l’admiration que professe, à l’égard de nos vieux missionnaires et de nos intrépides découvreurs, toute la haute société instruite des Américains.


UNE RÉCEPTION À LA MAISON-BLANCHE,
À WASHINGTON

Six délégués — religieux et laïques — Canadiens Français demandèrent un jour une entrevue au président Roosevelt. Le Président se servant de notre langue française leur dit :

« Vous êtes Canadiens-Français ? Moi, refuser une entrevue aux successeurs de ces valeureux missionnaires, aux descendants de ces intrépides découvreurs qui ont excité l’admiration de l’Univers ! Messieurs, veuillez-vous asseoir ; vous êtes les bienvenus !

(Paroles de Théodore Roosevelt),
Président des États-Unis.
CONSEILS DONNÉS AUX FRANCO-AMÉRICAINS DE L’OUEST LE 24 JUIN 1904

Avant tout, conservez vos traditions, préservez vos institutions, propagez votre langue. C’est parce que vous avez gardé votre langue et vos traditions, que vous êtes restés, en Amérique, un peuple distinct, et que vous avez conquis l’admiration de tous.

C’est aussi en conservant vos traditions et votre langue, que vous pourrez remplir votre mission : donner à l’Amérique tout ce que la vieille France a eu d’admirable, et que vous avez si religieusement, si fidèlement conservé.

(Mgr Quigley,
Évêque de Chicago.)


Il n’est pas un Américain véritable et digne de ce nom, qui reproche à un autre étranger sa fierté à l’endroit de ses ancêtres, la tendresse avec laquelle il contemple et chante les gloires du pays de sa naissance.

Dans la vie américaine nous représentons tous ensemble les talents et les aptitudes de l’humanité entière. Quiconque connaît l’histoire ne peut manquer de rendre justice à nos concitoyens d’origine française ou canadienne-française, d’avoir contribué à notre vie américaine.

(Paroles du Gouverneur Hughes,
de New-York).


LETTRE PUBLIQUE ÉCRITE AU MOIS D’AVRIL 1907 À PROPOS DES CANADIENS-FRANÇAIS

La principale industrie du Massachusetts est celle du coton, cette industrie serait gravement menacée, n’était la présence au milieu de nous d’un grand nombre de courageux enfants de notre Sœur du Nord.

J’espère vivement que la merveilleuse économie l’esprit industrieux, la gaieté naturelle, la franche bonhomie qui caractérisent ces vaillants descendants de Français continueront à progresser dans cette nation, qui nous connaît tous sous le même titre, celui de Citoyens Américains.

(Le Gouverneur Guild,
du Massachusetts).


Les Canadiens de tous les États-Unis, se distinguent par leur travail, leur bonne conduite, et surtout, par leur attachement à leur foi religieuse, à leur langue et à leurs traditions nationales…

En effet, en conservant la langue que vous avez apprise sur les genoux de vos mères, rien ne vous empêche, Canadiens, d’être de bons citoyens américains.

(Paroles de l’honorable Carter Harrison,
Maire de la ville de Chicago).

Dites-vous bien une fois pour toutes : « Oui, nos vieux parents étaient dignes de notre respect, de notre admiration, de notre amour. Ils avaient la foi qui fait les grands peuples ; l’amour du prochain qui fait les bons citoyens, et, comme se plaisent à le redire les Américains, c’étaient des hommes d’honneur. »

Gardons précieusement le souvenir des traditions ancestrales. Conservons jalousement la belle langue, la foi de nos pères, leurs mœurs de famille si simples, si gaies, si patriarcales. Travaillons de toutes nos forces à faire cesser cet air d’emprunt, cet air pincé et faux, que cherchent à singer quelques compatriotes en certains quartiers.

Restons catholiques et francs, toujours !