Traduction par H. Ternaux-Compans.
Arthus Bertrand (p. 19-21).

CHAPITRE II.


Le gouverneur se rend à Xagua et emmène un pilote avec lui.



A cette époque le gouverneur arriva avec un brigantin acheté à la Trinité ; il amenait avec lui un certain Mirvelo, qu’il avait engagé parce que cet homme prétendait connaître la rivière des Palmes, où il avait été. C’était un excellent pilote pour toute la côte du nord. Pamphilo de Narvaez avait fait l’acquisition à la Havanne d’un autre bâtiment commandé par le capitaine Alvaro de la Cerda ; il portait quarante hommes et douze chevaux. Deux jours apres son arrivée, le gouverneur se rembarqua ; il emmena quatre cents hommes et quatre-vingts chevaux, quatre vaisseaux et un brigantin. Le pilote que nous venions d’engager, conduisit les navires sur des bas-fonds que l’on appelle de Canarreo, de sorte que le lendemain nous touchâmes. Cet accident se renouvela pendant quinze jours ; au bout de ce terme, une tourmente du sud poussa tant d’eau sur les bas-fonds que nous pûmes en sortir, mais non pas sans de grands dangers. Etant partis de là nous arrivâmes à Guaniguanico. Une autre tempête nous assaillit, et nous fûmes sur le point de périr ; enfin une troisième nous tourmenta durant trois jours ; puis nous doublâmes le cap de Saint-Antoine, et nous naviguâmes par un temps contraire jusqu’à douze lieues de la Havanne. Nous allions y entrer lorsque nous fûmes saisis par un vent du sud qui nous éloigna de terre. Nous nous dirigeâmes en travers sur la côte de Floride, que nous atteignîmes le mardi 11 avril. Nous la suivîmes, et le jeudi-saint, nous jetâmes l’ancre à l’entrée d’une baie au fond de laquelle nous vîmes des maisons et des villages indiens.