Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles/LXIX
LXIX
LI DIS DE
LE VESCIE A PRESTRE
n lieu de fable vos dirai
Un voir, ensi k’oï dire ai,
D’un prestre ki astoit manans
Deleis Anwiers[2] ; li remanans
Estoit mut biaus de son avoir,
Car plains estoit de grant savoir.
Si n’avoit pas tot despendut,
A amasser[3] avoit tendut,
S’estoit riches bons et moblés ;
Buez et vaches, brebis et bleiz
Avoit tant c’on n’en savoit conte,
Mais li Mors, qui roi, duc ne conte
N’espargne, l’ot par son message
Somont al naturel passage :
Eutropikes ert devenus ;
De nul home n’estoit tenus
- ↑ LXIX. — De le Vescie a Prestre, p. 106.
Notre texte est établi d’après la copie de la Bibliothèque nationale (coll. Moreau, 1727 ; Mouchet, 52). Nous désignons par M cette copie, dans laquelle, comme aussi dans celle du fabliau no LXXI, nous avons essayé de régulariser certaines notations orthographiques (mut pour molt, eis pour ez, ki pour qui, etc.).
Publié par Méon, Nouveau Recueil, I, 80-90 ; par Renouard dans Legrand d’Aussy, IV, app. 18-21, et par M. Aug. Scheler dans les Trouvères belges, 214-224 ; analysé par Legrand d’Aussy, IV, 177-184.
- ↑ Vers 4 — La présence dans ce fabliau de la ville d’Anvers nous prouve bien que le tiois auquel il est emprunté est simplement du néerlandais. Du reste, les formes dialectales de cette pièce appartiennent bien à la région française du nord.
- ↑ 8 — * amasser. M, amassier.