Quelques poèmes français de Louisa Paulin/Rondo capriccioso, III


Purs Athéniens, vainqueurs des barbares Atlantes,
nous préparions en vain les gloires du retour ;
mais les soirs sur les soirs défaisaient les couronnes
que nos matins fervents tressaient de jeune espoir.
Les tuniques tissées aux portes de l’attente
vainement rappelaient vos beaux corps à nos mains
et jamais aucun vent des montagnes atlantes
ne portait la rumeur du retour des vainqueurs.

Mais un soir, surgissant du seuil de l’épouvante,
ô derniers survivants, vous êtes revenus.
Dans vos yeux de terreur, béants, nous avons vu
comme un troupeau traqué fuir et sombrer les îles,
les chevaux de la mer rués sur l’Atlantide,
les montagnes couler comme des nefs fragiles,
la colère des dieux rouler au même abîme
dans un linceul d’éclairs et vainqueurs et vaincus.


(Rondo capriccioso, III)