Quelques poèmes français de Louisa Paulin/Quelqu’un

Quelques poèmes français de Louisa Paulin (p. 35-38).
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Quelqu’un


Quelqu’un d’un doigt léger m’a touchée à l’épaule…
Je me suis retournée mais il s’était enfui ;
Peut-être es-tu celui que je n’espérais plus
et dont le souvenir confus
trouble encor quelquefois le miroir de mes songes ?

Ou bien
l’Ange gardien de mon âme d’enfant
alors que résonnait aux jardins du Printemps
le doux éclat de nos deux rires ;
je froissais quelquefois tes ailes dans nos jeux,
blanches ailes au reflet bleu
comme tes yeux, comme mes yeux,
comme l’enfantine journée.
Viens-tu, comme autrefois, poser mes pieds lassés
sur la divine échelle où palpitaient les anges ?
nous la sentions vibrer d’amour pur sous nos doigts,
mais c’était le temps d’autrefois…

Ou bien
es-tu tout simplement celle que chaque jour j’attends,
la patiente Silencieuse,
avec le fil aiguisé de ta faux
dissimulé derrière ton épaule ?…
Est-ce donc en ce soir d’automne
et dans sa fragile beauté
qu’il faut partir pour l’incertain voyage ?
Ô Mère du sommeil, prends-moi donc par la main,
ne faisons pas de bruit et ne troublons personne,
partons comme s’envole une feuille en automne.


Réalmont, 7 octobre 1943.