Poésies (Amélie Gex)/Chant de Fauvette

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 153-155).

CHANT DE FAUVETTE.



Je suis fauvette,
De l’alouette
J’ai la gaîtė ;
J’aime comme elle
Sentir mon aile
En liberté.

Leste et frivole,
Sur tout je vole,
Chêne ou roseau ;
À Dieu je fie
Ma courte vie,
Mon cœur d’oiseau.

Que l’aube arrive,
J’éveille, active,
Merle et pinson ;
Que le jour meure,
J’ai pour chaque heure
Une chanson.


Rien ne m’ennuie,
Soleil ou pluie
Comblent mes vœux.
Tout passe vite
Quand dans un gite
L’on n’est que deux !…

Je suis fauvette,
De l’alouette
J’ai la gaîté ;
J’aime comme elle,
Sentir mon aile
En liberté.

L’humble domaine
Dont je suis reine
N’est qu’un buisson ;
C’est peu de chose,
Mais j’en dispose
À ma façon.

Les pâquerettes,
Les violettes
Sont mes tapis.
Mousse et brin d’herbe
Rendent superbe
Mon doux logis.


Brise qui penche
Ma frèle branche,
Berce toujours
Sans brusquerie
Ma rêverie
Et mes amours…

Que ma couvée
Soit préservée,
Que toi, mon nid,
Quand je sommeille,
Par Dieu qui veille
Tu sois béni !

Je suis fauvette,
De l’alouette
J’ai la gaîté ;
J’aime comme elle
Sentir mon aile
En liberté !