Poésies (Amélie Gex)/Amour d’Avril

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 129-130).

AMOURS D’AVRIL.



Rosette, il nous faut y songer,
Les prés ont leurs robes fleuries ;
Les pinsons vont emménager,
Rosette, il nous faut y songer…
Il s’agit, enfin, de loger
Notre amour et nos rêveries ;
Rosette, il nous faut y songer,
Les prés ont leurs robes fleuries.

Avril est le temps bienheureux
Où la nature perd la tête ;
Pour les fleurs et les amoureux,
Avril est le temps bienheureux.
Mon cœur, Rosette, est désireux
De prendre sa part de la fête,
Avril est le temps bienheureux
Où la nature perd la tête.

Faisons notre nid sous le toit
Comme celui des hirondelles ;
Dans ce Paris si grand, si froid,
Faisons notre nid sous le toit.

Puisque nos rêves ont le droit,
Rosette, de garder leurs ailes,
Faisons notre nid sous le toit
Comme celui des hirondelles.

En vérité, je te le dis,
Si petit que soit ce domaine,
Nous en ferons un paradis,
En vérité, je te le dis.
Et nos voisins, tout ébaubis,
front criant au phénomène !
En vérité, je te le dis,
Si petit que soit ce domaine.

Point de lambris, point de satin ;
On peut s’aimer sans tant de choses !
Là nous n’aurons, c’est bien certain,
Point de lambris, point de satin ;
Mais une chambre où, le matin,
Soleil sourit aux vitres closes…
Point de lambris, point de satin,
On peut s’aimer sans tant de choses !

Notre amour joyeux durera
Tant que celui de l’alouette ;
Pendant que le pré fleurira
Notre amour joyeux durera.
— Mais un jour l’hiver reviendra…
— N’y pensons point encor, Rosette ;
Notre amour joyeux durera
Tant que celui de l’alouette !