Poésies (1820)/Romances/Clémentine

PoésiesFrançois Louis (p. 111-112).

CLÉMENTINE.


IMITATION DE RICHARDSON.


Distraite et malheureuse,
Sur un bouquet de fleurs
Une fille rêveuse
Laissait tomber des pleurs ;
Un timide sourire
Dans ses pleurs se glissa ;
Mais un triste délire
À son tour l’effaça.

« Au sein de Clémentine,
« Brûlé d’un fol amour,
« Douce fleur d’Églantine,
« Tu n’as brillé qu’un jour !
« Ta courte destinée
« Vient m’annoncer mon sort :
« Un seul jour dans l’année,
« Pour l’Amour et la Mort !


« Vers la froide Angleterre
« Quand le bonheur fuira,
« Toutes deux sur la terre
« On nous retrouvera ;
« Symbole de souffrance,
« Et gage de pardon,
« Meurs avec l’imprudence
« Qui troubla ma raison !

« Adieu, mère chérie !
« Le ciel a vu vos pleurs ;
« Je suis calme et guérie ;
« Couronnez-moi de fleurs !
« Des anges en prière
« J’entends les chants pieux ;
« Leur voix pure et légère
« M’appelle dans les cieux. »

Du monastère antique
C’étaient les saints concerts :
L’orgue mélancolique
Gémissait dans les airs.
À la mort résignée,
La vierge y vint un jour…
L’Ange de l’hyménée
La rendit à l’Amour.