Pensées d’août/Sonnet à madame M.

Pensée d’aoûtMichel Lévy frères. (p. 228-229).

SONNET
À MADAME M.


Quoi ! vous voulez, par bonté, quelquefois,
Pour épargner ma paupière un peu tendre,
Un peu lassée, au soir, me faire entendre,
Lu par vous-même, un livre de mon choix !

Vous liriez tout, Fauriel et Gaulois[1] ;
Et le sujet, à fond, me viendrait prendre,
Dans le fauteuil où j’oserais m’étendre,
Indifférent à l’accent de la voix !


Mais votre voix, c’est la couleuvre vive,
Insinuante et limpide et furtive,
Col gracieux et de gris nuancé !

La voir courir est chose trop peu sûre ;
Elle est sans dard, et je crains sa piqûre ;
Ou, tout au moins, je crains d’être enlacé.


  1. L’excellente Histoire de la Gaule méridionale, par M. Fauriel, avait paru vers ce temps, mais un peu importante et sérieuse pour être lue à deux en cette façon.