Librairie Hachette et Cie (p. 333-352).



XXI

Le Grand Jour


Le soleil brillait de tout son éclat, les cloches du village étaient en branle depuis le matin ; le village lui-même semblait être une fourmilière en pleine activité ; on allait, on courait dans les rues ; on voyait passer des femmes, des enfants portant des cierges, des bonnets, des rubans ; on allait chercher la voisine pour aider à tout ; d’une maison à l’autre on se prêtait secours pour la toilette et pour le repas qui devait suivre la sainte cérémonie. Le château était calme ; le comte n’avait voulu aucun déploiement de luxe ; tous devaient aller à pied à l’église. Jules avait demandé à se placer près de Blaise ; Hélène devait rester près de son père et de sa mère. Jules se tenait avec son père dans sa chambre, en attendant Blaise, qui avait promis de venir les chercher ; il fut exact au rendez-vous. À neuf heures précises, il entra chez Jules, s’approcha du comte, et, se mettant à genoux devant lui et malgré lui, il lui dit :

« Monsieur le comte, je viens vous demander votre bénédiction ; je vous la demande comme une faveur, comme une preuve de l’amitié dont vous voulez bien m’honorer ; en la recevant, je croirai recevoir celle d’un père vénéré et chéri ; bénissez-moi, cher monsieur le comte, bénissez le pauvre Blaise, qui sera toujours le plus dévoué, le plus respectueux de vos serviteurs, et qui priera tous les jours le bon Dieu pour votre bonheur éternel.

— Cher enfant, dit le comte en le relevant et le serrant dans ses bras, reçois la bénédiction d’un chrétien que tu as ramené au bon Dieu, d’un père dont tu as sauvé le fils unique et bien-aimé. Je te la donne du fond de mon cœur. Je fais le serment de t’aimer toujours d’une affection toute paternelle, de veiller à ton bien-être, à ton bonheur. Jules, mon fils, viens embrasser ton frère, plus que jamais ton frère en Dieu, aujourd’hui que tu recevras à ses côtés le Seigneur, qui est notre Père à tous. »

Jules se précipita dans les bras de Blaise ; ils se promirent une amitié fidèle et un constant souvenir devant le bon Dieu.

« Il est temps de partir, dit le comte ; Jules, prends ton livre ; et voici le tien, mon ami, ajouta-t-il en présentant à Blaise un beau Paroissien, relié en maroquin noir, doré sur tranches et avec un fermoir en or.

— Il n’est pas à moi, monsieur le comte ; je n’ai pas de si beaux livres. Voici le mien, dit Blaise en tirant de sa poche une pauvre petite Journée du chrétien à moitié usée.

— C’est moi qui te donne ce Paroissien, dit le comte ; il fait partie de la collection que je t’ai promise et qu’on va t’apporter.

— Oh ! merci, monsieur le comte, répondit Blaise rouge et les yeux brillants de bonheur. Merci ; il me semble que je prierai mieux dans ce livre donné par vous ; et surtout j’y prierai toujours pour vous et les vôtres.

— Partons, mes chers enfants, dit le comte ; mais, avant de partir, recevez une dernière bénédiction. »

Et le comte, mettant les mains sur leurs têtes, les bénit tous deux, puis les prenant ensemble dans ses bras, il leur donna à chacun un baiser sur le front, essuya de sa main une larme qu’il y avait laissée tomber, et tous trois, recueillis et silencieux, se mirent en route pour l’église.

Elle se trouvait déjà plus qu’à moitié pleine ; la comtesse et Hélène étaient dans leurs banc, attendant le comte, qui devait les rejoindre après avoir mené Jules et Blaise chez le curé, où se réunissaient tous les enfants. Il vint en effet prendre sa place entre sa femme et sa fille. L’église ne tarda pas à se remplir, et on entendit le son lointain des cantiques que chantaient les enfants en marchant processionnellement. Ils entrèrent deux à deux, le curé en tête ; Jules et Blaise le suivaient immédiatement. Après le défilé des dix-huit garçons et des vingt-deux filles, chacun prit la chaise qui lui était assignée. M. le curé alla à la sacristie revêtir des habits sacerdotaux, les chantres se couvrirent de leurs chapes, et le service divin commença, d’abord par la procession, que suivirent les enfants de la première communion ; ensuite vint la première partie de la messe, puis l’instruction ou sermon, que M. le curé eut le bon esprit de ne pas prolonger au delà d’un quart d’heure ; puis enfin la dernière partie de la messe, celle du sacrifice et de la communion. Jules et Blaise furent très-recueillis pendant toute la cérémonie. Au moment de quitter sa place pour approcher de la sainte table, Jules saisit vivement la main de Blaise et lui dit tout bas : « Une dernière fois, pardonne-moi, mon frère. »

Blaise répondit avec simplicité et douceur :

« Je te pardonne, mon frère, et je te bénis. »

Peu de minutes après, ils avaient reçu, tous deux appuyés l’un sur l’autre, le Dieu de miséricorde et de paix, le Dieu consolateur. Ils avaient reçu le Dieu de miséricorde.

Leur attitude recueillie frappa tous les yeux, émut tous les cœurs. Il y eut dans l’église un mouvement général de surprise lorsque, après la communion des enfants, on vit le comte, la comtesse et Hélène quitter leurs places et s’approcher de la sainte table.

« Le comte communie, disait-on tout bas.

— La comtesse aussi. Et Mlle Hélène aussi.

— Comme ils ont l’air ému !

— Le comte est tout changé, dit-on.

— La comtesse aussi ; il paraît que c’est le petit Anfry qui les a tous changés.

— Le pays y gagnera ; ils font beaucoup de bien depuis qu’ils sont amendés.

— C’est le petit Anfry qui a demandé au comte de garder la fermière Françoise, qui devait partir. Ils ont un nouveau bail de six ans, et ils sont bien contents.

— Chut, c’est fini ; chacun reprend sa place. »

Quand la messe fut finie et que l’église fut à peu près vide, il y resta encore cinq personnes qui priaient avec ferveur et qui ne songeaient pas au temps qui s’écoulait.

Le curé, au moment de quitter l’église, vint s’agenouiller une dernière fois devant l’autel ; il vit les deux enfants à genoux sur la dalle, les mains jointes, les yeux fermés, l’air si recueilli qu’il s’arrêta pour les contempler.

« Mes enfants, leur dit-il enfin, levez-vous ; une plus longue prière à genoux sur la pierre pourrait vous fatiguer ; conservez le bon Dieu dans votre cœur, et souvenez-vous que toute votre vie peut devenir une prière continuelle, en faisant toutes vos actions pour l’amour du bon Dieu. »

Jules et Blaise se relevèrent en silence et suivirent le curé, qui se dirigeait vers le comte et la comtesse.

Aux premières paroles de félicitation du curé, le comte releva son visage baigné de larmes, et, voyant l’inquiétude qui se peignait sur le visage du bon prêtre :

« Les larmes que je répands, dit-il en se levant et marchant près du curé, sont le trop-plein d’un cœur inondé de joie et de bonheur. C’est à Blaise que je les dois, et ma reconnaissance augmente à mesure que j’avance dans la voie où il m’a fait entrer.

Le curé.
Blaise est un saint enfant, monsieur le comte ; plus qu’aucun autre je suis à même d’apprécier la grandeur de ses vertus et la beauté de ses sentiments. Je le dis tout bas, de peur qu’il ne m’entende et ne prenne de l’orgueil de mes paroles ; mais en vérité, cet enfant a la sagesse, la vertu et l’onction d’un saint.
Le comte.

C’est bien vrai ; dans le temps où j’avais conçu de lui une si mauvaise et si injuste opinion, j’ai éprouvé la puissance de sa parole, de son accent, de son regard même. Ma femme a ressenti la même impression chaque fois qu’elle l’a entendu expliquer plutôt que justifier sa conduite, et Jules a subi aussi la puissance de cette vertu. »

Tout en causant, ils étaient sortis de l’église. Hélène suivait d’un peu loin avec Jules et Blaise ; ils étaient silencieux, mais leurs visages rayonnaient de bonheur. Le curé prit congé du comte ; ils se mirent tous en route pour rentrer chez eux. Les enfants marchaient en avant, le comte et la comtesse les contemplaient avec tendresse.

« De quel bonheur j’ai manqué me priver, mon ami, dit la comtesse en essuyant ses yeux encore humides.

— Et quelle vie différente et heureuse nous allons mener ! ma chère Julie, dit le comte en lui serrant les mains dans les siennes. Nous avions tous les éléments du bonheur, et nous ne savions pas en user ; nos cœurs dormaient en nous, et nous végétions misérablement.

La comtesse, avec gaieté.
Mais les voilà bien éveillés, maintenant, mon ami ; ne laissons pas revenir le sommeil.
Le comte.

Je réponds du mien, avec l’aide de Dieu. Il sera à l’avenir tout au bon Dieu, à toi, Julie, et à nos enfants. »

En approchant de la maison d’Anfry, les enfants virent avec surprise un va-et-vient des domestiques du château ; Blaise en fut touché.

« C’est bien bon à eux, dit-il, de penser à féliciter mes parents pour ma première communion ; je ne les croyais pas si attentifs. »

Arrivés au seuil de la porte, ils virent avec surprise une table dressée dans la salle. Le couvert était très-simple ; c’était la vaisselle d’Anfry qui couvrait la table ; une nappe grossière, des assiettes en faïence, des verres communs, des pots au lieu de carafes, des couverts en fer étamé, des salières en faïence bleue, des chaises de paille ; quelques bouteilles de vieux vin faisaient tache dans cette demi-pauvreté. Il y avait sept couverts, et les domestiques couvraient la table des plats qu’ils apportaient du château.

Blaise.

Qu’est-ce donc que cela ? Pourquoi y a-t-il sept couverts, et pourquoi sont-ce les domestiques de M. le comte qui apportent tous ces plats ?

Le comte, souriant.

Parce que nous nous sommes invités à dîner chez tes parents, mon cher enfant ; nous avons pensé, ta mère et moi, qu’un jour de première communion on doit avoir la force de supporter des contrariétés, et nous vous imposons celle de dîner avec nous, chez toi, Blaise.

— Quel bonheur ! quel bonheur ! s’écrièrent les trois enfants en perdant toute leur gravité et en sautant autour de la table.

— Oh ! monsieur le comte, dit Blaise, pour le coup je m’oublie, et je vous embrasse de toutes mes forces. »

Et, se jetant au cou du comte, Blaise l’embrassa plusieurs fois. Le comte était heureux du succès de son invention.

« Mettons-nous à table, dit-il ; j’ai une faim de sauvage.

— Et moi donc ! et moi donc ! et moi donc ! » s’écrièrent tout d’une voix les trois enfants.

Anfry et sa femme se tenaient à l’écart, n’osant pas approcher de la table ; la comtesse alla vers Anfry, et, lui prenant le bras, lui dit en riant :

« Anfry, je suis chez vous ; c’est à vous à me donner le bras pour me mener à ma place, à votre droite. »

Anfry balbutia quelques mots d’excuses, de respect ; mais la comtesse l’entraîna à la place d’honneur et se mit à sa droite.

Le comte, riant de la bonne pensée de sa femme, fit comme elle et enleva Mme Anfry, qui s’était collée contre le mur, fort embarrassée de sa personne. Il lui donna le bras, l’entraîna vers la table, et, la plaçant en face d’Anfry, il se mit aussi à sa droite, Hélène prit le bras de Blaise, qui se mit entre elle et Jules, et le repas commença.

Dans les premiers moments, le comte et la comtesse ne s’aperçurent pas de l’embarras d’Anfry, qui essuyait son front inondé de sueur, et n’osait ni manger ni lever les yeux de dessus son assiette restée pleine. Mme Anfry avait pris son parti ; la faim avait surmonté la timidité.

Blaise s’aperçut bien vite du trouble de son père, et, se penchant vers Hélène, il lui dit tout bas :

« Mademoiselle Hélène, mon pauvre papa a peur ; il n’ose pas manger, et pourtant il a bien faim, j’en suis sûr. »

Hélène, levant les yeux, regarda Anfry, et sourit de son air malheureux. Se penchant à son tour vers l’oreille de son père, elle lui fit remarquer le malaise du pauvre Anfry, qui s’essuyait le visage avec un redoublement de timidité.

« Eh bien, mon pauvre Anfry, c’est ainsi que vous faites honneur au repas de première communion de nos enfants ! Allons, allons, pas de timidité, pas de fausse honte ; nous sommes tous frères, aujourd’hui plus que jamais. Mangez votre potage, mon brave Anfry. Attendez, je vais vous donner du courage. »

Et le comte, se levant, prit une bouteille de madère, la déboucha lui-même et en versa un verre à Anfry et à Mme Anfry ; après en avoir offert à sa femme et en avoir versé un peu à chacun des enfants, il emplit son verre, et, le portant à ses lèvres :

« À la santé de Blaise et de Jules ! s’écria-t-il.

— À la santé de M. le comte ! s’écria Anfry, se levant à son tour.

— À la santé d’Anfry et de Mme Anfry ! s’écria Jules.

— À la santé de M. le curé ! dit Blaise en dernier.

— Bien dit, mon garçon, dit le comte. Buvons à la santé du bon curé, auquel nous devons tous une grande reconnaissance. Allons, Anfry, vous voilà plus à l’aise, maintenant, mettez-vous-y tout à fait, et continuons notre dîner sagement et comme des gens qui conservent dans leur cœur le souvenir des premières heures de la matinée. »

Le repas continua gai, mais calme ; les enfants parlèrent beaucoup de leurs impressions avant et après la sainte communion. La comtesse et le comte les écoutaient avec bonheur ; il y avait dans les sentiments développés par les enfants un saint et heureux avenir. Anfry et sa femme mangeaient sans parler ; ils écoutaient à peine tant ils étaient impressionnés de l’excellence des mets et de la bonté des vins ; ils mangeaient et reprenaient de tout ; leur embarras était entièrement dissipé, ils se sentaient heureux et honorés. Mme Anfry ruminait dans sa tête la position honorable qu’allait lui faire dans le pays ce repas donné par elle, chez elle, à ses maîtres. Dans son extase intérieure, elle oubliait que le comte avait tout fourni ; elle se figurait avoir régalé le comte et la comtesse, et pensait que l’honneur qui lui en revenait n’était qu’un juste payement de la peine que lui avait donnée l’organisation du repas.

Le dîner fini, le comte et la comtesse allèrent s’asseoir sur un banc devant la maison, après avoir donné ordre à leurs gens de laisser aux Anfry tout ce qui restait des mets et des vins divers, ce qui redoubla la joie et la reconnaissance de Mme Anfry.

Les enfants examinèrent avec intérêt la bibliothèque que le comte avait donnée à Blaise, en tête de laquelle figure avec honneur un superbe volume de l’Imitation de Jésus-Christ, donné par Hélène. Après avoir lu le titre de tous les ouvrages, au nombre de cent, Jules dit à Blaise :

« Mon cher Blaise, je ne t’ai pas encore fait mon petit présent ; le voici ; accepte-le comme la preuve d’une amitié qui durera aussi longtemps que moi. »

En achevant ces mots, il lui passa au cou une jolie chaîne d’or avec un petit crucifix et une médaille en or de la sainte Vierge.

« C’est béni par un saint prélat, qui est devenu subitement aveugle, et qui donne à tous l’exemple d’une résignation si calme et si douce, qu’on se sent touché rien qu’en le voyant.

— Merci, mon cher monsieur Jules ; si ce n’était donné par vous et béni par un saint, je n’oserais porter ces belles choses ; j’espère que le crucifix me fera souvenir de ce que je dois à mon Dieu, et l’image de la bonne Vierge me donnera le désir d’aimer mon divin Sauveur comme elle l’a aimé en ce monde et comme elle l’aime dans l’éternité. »

Blaise baisa son crucifix, sa médaille, et, les cachant dans son sein, il dit à Jules :

« Tous les jours, matin et soir, je prierai pour vous, devant cette croix et devant cette médaille. »

Le comte et la comtesse avaient rejoint les enfants ; la comtesse, présentant à Blaise une petite boîte, lui dit en le baisant au front :

« Je ne puis être la seule dont tu n’acceptes rien, mon cher enfant ; voici un très-petit objet, mais qui te sera agréable et utile, je n’en doute pas. »

Blaise baisa les mains de la comtesse en recevant la petite boîte qu’elle lui tendait ; il l’ouvrit avec empressement et vit, avec une joie qu’il ne chercha pas à dissimuler, une belle montre en or avec sa chaîne.

Il poussa un cri joyeux et partit comme une flèche pour faire partager son bonheur à son père et à sa mère.
La comtesse l'embrassa bien affectueusement.

« Papa, maman, voyez ce que j’ai, ce que m’a donné Mme la comtesse. »

Anfry et sa femme manquèrent de répéter le cri de Blaise à la vue de la montre et de la chaîne. Ni l’un ni l’autre n’osaient les toucher de peur de les ternir ou de les casser. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qu’ils pensèrent à aller remercier la comtesse de son beau cadeau.

« Et moi donc, qui ne lui ai seulement pas dit merci, s’écria Blaise, tant j’étais content. Vite que j’y coure.

— Tu n’auras pas loin à aller, mon garçon, dit le comte, qui l’avait rejoint avec la comtesse sans qu’il s’en fût aperçu ; fais ton remerciement, ajouta-t-il en le poussant dans les bras de la comtesse, qui le reçut en souriant et l’embrassa bien affectueusement.

— Oh ! monsieur le comte, madame la comtesse… vous êtes trop bons… trop bons en vérité… Je ne sais comment exprimer mon bonheur et ma reconnaissance. »

Et Blaise, l’heureux Blaise se jeta dans les bras que lui tendait le comte. Il se sentait si ému de tant de bontés, qu’il eut de la peine à contenir l’élan de sa reconnaissance. »

« Mon Dieu ! mon Dieu ! disait-il, je suis trop heureux !… Vous êtes trop bons… tous… tous… Je ne mérite pas… Que le bon Dieu vous le rende !… Oh ! oui ! Je prierai tant, tant pour vous, que le bon Dieu m’exaucera. Il est si bon ! »

Le comte chercha à calmer l’émotion de Blaise ; quand il y fut parvenu, il rappela aux enfants que l’heure des vêpres approchait.

« Il ne faut pas qu’on voie que j’ai les yeux rouges, dit Blaise ; on croirait que j’ai du chagrin. Du chagrin un pareil jour ! cela ne se peut ! Tout est bonheur pour moi. Mon cœur est si plein que je crois par moments qu’il va se briser. Amour de mon Dieu, amour pour ses créatures, c’est plus que je ne puis supporter.

— Calme-toi, mon enfant ! Le bon Dieu veut te payer de ce que tu as souffert, et récompenser ta patience dans les peines qu’il t’avait envoyées. Tu le remercieras à l’église, et nous joindrons nos remerciements aux tiens. »

Ils s’acheminèrent tous vers le village, qui avait conservé son air de fête ; les cloches sonnaient à grande volée ; de tous côtés on voyait des groupes silencieux et recueillis se diriger vers l’église. Chacun saluait le comte et la comtesse à leur passage. L’office du soir se termina par la bénédiction du saint sacrement, et cette belle et heureuse journée laissa des impressions chrétiennes et salutaires dans plus d’un cœur rebelle jusque-là à l’appel du bon Dieu.