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l'inévitable acharnement de luttes sans nombre. Le physiologiste Huxley, un disciple de Darwin, proclame que la nature est un cirque immense, où tous les êtres ressemblent à des gladiateurs armés pour la bataille. Le sociologue Tarde insiste sur les méfaits de la nature et sur la nécessité qui s'impose à l'homme de fonder sa vie sur des lois proprement humaines; et, plus près de nous, Emile Faguet cherche à diminuer et à détruire dans tous les domaines la confiance en la nature. Cette thèse pessimiste est d'autant plus consi- dérable qu'elle se présente comme une conclu- sion imposée par la science.

A ces attaques les défenseurs de la nature répondent par des observations qui fortifient leur culte. J.-J. Uousseau dénonce les méfaits de la civilisation et les injustices sociales, en oppo- sant au tableau de ces infortunes le souvenir idyl- lique d'un état primitif de la nature, et, ce qui vaut mieux, renseignement émouvant qui sort des grands bois, la paix souveraine du lac et de la montagne. Le poète Wordsworth enseigne — car sa poésie est tout enseignement — que la nature est l'éducatrice inépuisable, et, développant les corres- pondances merveilleuses qui rattachent l'homme