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silence jusqu’à ce jour, et qu’est-ce donc qui vous décide, ce soir, à me dire la vérité ?

Sébastien, soulagé déjà, le regardait avec une candeur charmante, les yeux dans les yeux. Il retrouvait son fin sourire, il expliqua l’éveil de sa conscience avec simplicité.

— Oh ! monsieur, si je ne vous disais pas la vérité, c’était que je n’en éprouvais pas du tout le besoin. Je ne me souvenais même plus de vous avoir menti, c’était trop ancien. Et puis, un jour, ici, vous nous avez expliqué combien le mensonge était une mauvaise chose, et ça s’est réveillé, j’ai commencé à en souffrir. Ensuite, chaque fois que vous êtes revenu sur le bonheur de toujours dire la vérité, j’ai souffert davantage de ne pas vous l’avoir dite… Et voilà, et aujourd’hui j’ai eu le cœur trop gros, il m’a fallu parler.

Un grand attendrissement mouilla les yeux de Marc. Ainsi, c’étaient ses leçons qui fleurissaient déjà dans cette petite âme, c’était lui qui en moissonnait la première récolte ; et de quelle précieuse vérité ! d’une qui allait l’aider peut-être à faire un peu de justice. Jamais il n’avait espéré une si prompte et si douce récompense. Ce fut une émotion exquise, il se baissa en un élan de tendre affection, il embrassa l’enfant.

— Merci, mon petit Sébastien, vous venez de me faire un grand plaisir et je vous aime de tout mon cœur.

L’émotion avait gagné le petit homme.

— Oh ! je vous aime bien aussi, monsieur. Sans ça, je n’aurais point osé vous tout dire.

Marc résista au désir de le questionner davantage, se réservant de voir sa mère, Mme Alexandre. Il craignait d’être accusé d’avoir abusé de son autorité de maître sur son élève, pour aggraver la confession reçue. Il sut seulement que Mme Alexandre avait repris à son fils le modèle d’écriture, sans que celui-ci pût dire