Page:Zola - Travail.djvu/552

Cette page n’a pas encore été corrigée

une partie de la récréation, à raboter du bois, à limer du fer, à coudre ou à broder, pendant que d’autres, maîtres d’un terrain voisin, s’occupaient à bêcher, à semer, à sarcler. Et ils retrouvèrent Josine dans une vaste salle, où des machines à coudre, des métiers à tricoter et à tisser fonctionnaient côte à côte, dirigés par des filles et des garçons, car, au sortir des écoles, les deux sexes restaient mêlés, continuaient la vie en commun, partageant les travaux et les plaisirs, les devoirs et les droits, comme ils avaient partagé les études. Des chants retentissaient, une émulation joyeuse animait cet atelier d’apprentissage.

«  Vous entendez, ils chantent, dit Suzanne, reprise de gaieté. Ils chanteront toujours, mes oiseaux chanteurs.  »

Josine montrait à une grande fillette de seize ans, Clémentine Bourron, comment il fallait conduire une machine à coudre pour obtenir un certain point de broderie. Et une autre fillette, plus jeune, âgée de neuf ans, Aline Boisgelin, attendait, pour qu’elle lui enseignât de quelle façon on rabattait à la main une couture. Clémentine, qui était la fille de Sébastien Bourron et d’Agathe Fauchard, avait pour grand-père maternel l’arracheur Fauchard et pour grand-père paternel le puddleur Bourron. Aline, la sœur cadette de Ludovic, née de Paul Boisgelin et d’Antoinette Bonnaire, eut un rire tendre, lorsqu’elle aperçut sa grand-mère Suzanne, dont elle était adorée.

«  Oh  ! tu sais, grand-mère, je ne peux pas encore très bien les rabattre, les coutures, mais je les fais déjà joliment droites… N’est-ce pas, amie Josine  ?   »

Suzanne l’embrassa, puis regarda Josine lui rabattre un bout de couture, comme modèle. Luc lui-même s’intéressait à ces menus travaux, sachant bien qu’il n’y a rien d’indifférent, que la vie heureuse est faite de l’heureux emploi des heures, de l’être tout entier utilisé, employant