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L’intention de Philippe était d’aller le lendemain à Aix et de se renseigner sur les dispositions de M. de Cazalis à son égard. Il comprenait qu’il ne pouvait se cacher plus longtemps. Il se coucha, presque paisible, calmé par les bonnes paroles de Blanche qui jugeait les événements avec ses espoirs de jeune fille.

Il y avait vingt jours que les fugitifs couraient les champs. Depuis vingt jours, la gendarmerie battait le pays, les suivant à la piste, faisant parfois fausse route, remise chaque fois dans le bon chemin par quelque circonstance légère. La colère de M. de Cazalis s’était accrue devant toutes ces lenteurs ; son orgueil s’irritait à chaque nouvel obstacle. À Lambesc, les gendarmes s’étaient présentés quelques heures trop tard ; à Toulon, le passage des fugitifs avait seulement été signalé le lendemain de leur retour à Aix ; partout ils s’échappaient comme par miracle. Le député finissait par accuser la police de mauvaise volonté.

On lui affirma enfin que les amants se trouvaient dans les environs d’Aix, et qu’ils allaient être arrêtés. Il accourut à Aix, il voulut assister aux recherches.

La femme du cours Sextius, qui les avait hébergés pendant quelques heures, fut prise de terreur. Pour ne pas être accusée de complicité, elle conta tout, elle dit qu’ils devaient être cachés dans un des bastidons d’Isnard.

Isnard, interrogé, nia tranquillement. Il déclara qu’il n’avait pas vu son parent depuis plusieurs mois. Ceci se passait à l’heure même où Philippe et Blanche entraient dans le bastidon du quartier des Trois-bons-Dieux. Le mercier ne put avertir les amants pendant la nuit. Le lendemain, à cinq heures, un commissaire de police frappait à sa porte et lui annonçait qu’une perquisition allait être faite chez lui et dans ses trois propriétés.

M. de Cazalis resta à Aix, déclarant qu’il craignait de tuer le séducteur de sa nièce, si jamais il se rencontrait face à face avec lui. Les agents qui s’étaient