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« Vous allez me faire arrêter ? dit-il, eh bien ! arrêtez-moi vous même, et veuillez me conduire vers les personnes qui sont là-bas. »

Il lui désignait M. Martelly et l’abbé Chastanier. Sauvaire l’accompagna et s’excusa, lorsqu’il sut qu’il avait mis la main sur un comte, sur un riche propriétaire.

« Il ne manquait plus que de me faire déporter ! dit M. de Girousse en riant, ma journée eût été complète. »

Il s’entretint ensuite à voix basse avec l’armateur et le mit au courant de la situation.

« Nous n’avons rien vu de tout cela, dit M. Martelly. On nous avait enfermés dans cette boutique, en compagnie d’un personnage qui a une véritable mine de scélérat... Vous dites que Philippe et Marius se sont cachés dans cette maison ?

– Oui, et j’ai grand-peur qu’ils n’y soient arrêtés. Le plus terrible est que j’ai laissé dans cette autre maison la femme de Marius et l’enfant de Philippe. »

Cette nouvelle acheva de désoler l’armateur. L’abbé Chastanier fit observer que Fine et Joseph ne couraient pas un grand danger : si la maison était mise à sac, on pourrait toujours intervenir. Il fallait songer avant tout aux deux frères et tâcher de les faire évader. Le malheur était qu’il semblait presque impossible de leur venir en aide.

Les troupes, qui avaient envahi la place, ne restaient pas inactives. Quelques coups de feu partaient encore des fenêtres, çà et là ; il fallait en finir. Aussi l’ordre fut-il donné de prendre d’assaut toutes les maisons fermées, sur les toits desquelles les insurgés brûlaient leurs dernières cartouches. On fit avancer quelques sapeurs, qui attaquèrent les portes à coups de hache.

Sauvaire se désespérait. Il aurait voulu détourner les soldats de la maison dans laquelle il supposait que Philippe était caché, et il ne trouvait aucun moyen pour faire réussir ce projet. Il rassembla ses hommes, les posta du côté opposé de la place, leur fit fouiller d’autres logis. Mais il eut le désespoir de voir partir un coup