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débandade obligée. C’est d’abord madame de Kernanigous qu’on prend pour Aurélie ; puis, c’est Aurélie qu’on prend pour madame de Kernanigous ; la brune et la blonde se mêlent, le public lui-même finit par ne plus savoir au juste ce qu’il doit croire. A un moment, il y a jusqu’à quatre personnes cachées derrière des portes. Et l’on rit.

On rit, parce que tous les personnages courent sur la scène. Cette débandade qui entre, sort, se cache, reparaît, fait claquer les portes, étourdit les spectateurs et les charme. Cela, d’ailleurs, pourrait continuer éternellement. S’il n’y a pas de raison pour que cela commence, il y en a encore moins pour que cela finisse. Enfin, les auteurs veulent bien aboutir à un mariage entre Gaston et une nièce de Kernanigous. L’honneur de la cousine est sauf. La baronne et le baron sont convaincus que leur fils n’est plus un bébé, et ils consentent à le traiter en homme.

Ce genre de pièces à quiproquos est toujours d’un effet sûr. Seulement, je trouve qu’il fatigue vite. Un acte suffirait. Au troisième acte de Bébé, je commençais à être ahuri. Rien d’énervant à la longue comme de voir tous les personnages se précipiter les uns derrière les autres ; on voudrait qu’ils se tinssent enfin tranquilles, pour les entendre causer comme tout le monde. S’ils n’ont rien à dire, pourquoi ne se contentent ils pas de jouer une pantomime ? cela serait aussi réjouissant. En somme, je le répète, le genre est gros et absolument inférieur. Le succès vient de ce que le public croit entrer de moitié dans la pièce.

Mais ce qui donne à Bébé une certaine valeur, c’est une pointe littéraire, où l’on sent la collaboration de