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ont fait sourire. Il y a évidemment là une formule épuisée. Les gasconnades d’Alexandre Dumas, les tirades splendides de Victor Hugo ne suffisent plus. Nous sentons trop à cette heure le mannequin sous la draperie. Alors, quoi ? faut-il écouter les critiques qui nous donnent l’étrange conseil de refaire, pour réussir, les pièces de nos aînés que le public refuse ? faut-il plutôt marcher en avant, avec les études historiques nouvelles, contenter peu à peu le besoin de vérité qui se manifeste jusque dans la foule illettrée ? Évidemment, ce dernier parti est le seul raisonnable. C’est jouer sur les mots que de poser en axiome : Un auteur dramatique doit s’en tenir à la convention historique de son temps. Oui, si l’on veut ; mais comme nous sortons aujourd’hui de toute convention historique, notre but doit donc être de dire la vérité historique au théâtre. Il ne s’agit que de choisir les sujets où l’on peut la dire.

D’ailleurs, à quoi bon discuter ? Les faits sont là. Notre drame historique ne serait pas malade, si le public mordait encore aux conventions. On est dans un malaise, on attend quelque œuvre vraie qui fixera la formule. Faites des drames romantiques, à la Dumas ou à la Hugo, et ils tomberont, voilà tout. Cherchez plus de vérité, et vos œuvres tomberont peut-être tout de même, si vous n’avez pas les épaules assez solides pour porter la vérité ; mais vous aurez au moins tenté l’avenir. Tel est le conseil que je donne à la jeunesse.