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le pied, tant le carreau est encombré. Madame Rousseau, cependant, ne se plaint pas et se contente de donner des coups de poing contre le mur, lorsqu’elle appelle la bonne et que celle-ci ne veut pas répondre. Françoise n’a pas qu’à la soigner ; il faut, en bas, qu’elle tienne la boutique propre, qu’elle fasse la cuisine pour le patron et les employés, sans compter les courses dans le quartier et les autres besognes imprévues. Aussi madame ne peut-elle exiger de l’avoir toujours auprès d’elle. On la soigne quand on a le temps.

D’ailleurs, même dans son lit, Adèle s’occupe de son commerce. Elle suit la vente, demande chaque soir comment ça marche. L’inventaire l’inquiète. Dès que son mari peut monter quelques minutes, elle ne lui parle jamais de sa santé, elle le questionne uniquement sur les bénéfices probables. C’est un grand chagrin pour elle d’apprendre que l’année est médiocre, quatorze cents francs de moins que l’année précédente. Quand la fièvre la brûle, elle se souvient encore sur l’oreiller des commandes de la dernière semaine, elle débrouille des comptes, elle dirige la maison. Et c’est elle qui renvoie son mari, s’il s’oublie dans la chambre. Ça ne la guérit pas qu’il soit là, et ça compromet