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sont là des ordonnances qu’on ne peut suivre, quand on veut vite amasser de petites rentes, pour les manger en paix. Adèle dit qu’elle se reposera, qu’elle se promènera plus tard, lorsqu’ils auront vendu et qu’ils se seront retirés en province.

M. Rousseau, lui, s’inquiète bien, les jours où il la voit pâle, avec des taches rouges sur les joues. Seulement, il a sa papeterie qui l’absorbe, il ne saurait être sans cesse derrière elle, à l’empêcher de commettre des imprudences. Pendant des semaines, il ne trouve pas une minute pour lui parler de sa santé. Puis, s’il vient à entendre sa petite toux sèche, il se fâche, il la force à mettre son châle et à faire un tour avec lui aux Champs-Élysées. Mais elle rentre plus fatiguée, toussant davantage ; les tracas du commerce reprennent M. Rousseau ; la maladie est de nouveau oubliée, jusqu’à une nouvelle crise. C’est ainsi dans le commerce : on y meurt, sans avoir le temps de se soigner.

Un jour, M. Rousseau prend le médecin à part et lui demande franchement si sa femme est en danger. Le médecin commence par dire qu’on doit compter sur la nature, qu’il a vu des gens beaucoup plus malades se tirer d’affaire. Puis, pressé de questions, il confesse que madame Rousseau est phthi-