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rée l’apportait, en lui faisant saluer la terre dans de longues révérences cadencées. Pour sûr, c’était une barque en folie.

Margot, les joues entre les mains, regardait toujours. Un canot venait de sortir du port, pour aller à la rencontre de la Baleine. C’était Brisemotte qui avait eu cette impatience, comme s’il lui eût tardé de donner une certitude à la femme de Rouget. Dès lors, tout Coqueville s’intéressa au canot. Les voix se haussaient. Eh bien ! distinguait-il quelque chose ? La Baleine avançait, de son air mystérieux et goguenard. Enfin, on le vit se dresser et regarder dans la barque, dont il avait réussi à prendre une amarre. Toutes les haleines étaient suspendues. Mais, brusquement, il éclata de rire. Ce fut une surprise. Qu’avait-il à s’égayer ?

— Quoi donc ? qu’y a-t-il ? lui criait-on furieusement.

Lui, sans répondre, riait plus fort. Il fit des gestes, comme pour dire qu’on allait voir. Puis, ayant attaché la Baleine au canot, il la remorqua. Et un spectacle imprévu stupéfia Coqueville.

Dans le fond de la barque, les trois hommes, Rouget, Delphin, Fouasse, étaient béatement allongés sur le dos, ronflant à poings fermés, ivres