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SIMPLICE


IV

Simplice fut très-occupé les jours qui suivirent son installation. Il lia connaissance avec ses voisins, le scarabée de l’herbe et le papillon de l’air. Tous étaient de bonnes bêtes, ayant presque autant d’esprit que les hommes.

Dans les commencements, il eut quelque peine à comprendre leur langage ; mais il s’aperçut bientôt qu’il devait s’en prendre à son éducation première. Il se conforma vite à la concision de la langue des insectes. Un son finit par lui suffire, comme à eux, pour désigner cent objets différents, suivant l’inflexion de la voix et la tenue de la note. De sorte qu’il alla se déshabituant de parler la langue des hommes, si pauvre dans sa richesse.

Les façons d’être de ses nouveaux amis le charmèrent. Il s’émerveilla surtout de leur manière de juger les rois, qui est celle de ne point en avoir. Enfin il se sentit ignorant et ridicule auprès d’eux, et prit la résolution d’aller étudier à leurs écoles.

Il fut plus discret dans ses rapports avec les mousses et les aubépines. Il ne pouvait encore saisir les paroles du brin d’herbe et de la fleur, et cette impuissance jetait beaucoup de froid dans leurs relations.

Somme toute, la forêt ne le vit pas d’un mauvais