Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
ET DU PETIT MÉDÉRIC

faire à Dieu, d’étudier son œuvre en toute liberté, puisqu’il nous a laissé cette liberté ? Ce n’est pas le nier que de discuter son ouvrage, et, quand même je nierais le Créateur sous une certaine forme, ce serait pour te le présenter sous une autre. Eh ! mon mignon, je vulgarise la théologie à cette heure ! La théologie est la science de Dieu.

— Bon ! interrompit Sidoine, je la sais, celle-là. Il suffit pour y être passé maître d’avoir l’esprit droit. Enfin je trouve une science simple, qui ne doit pas demander deux mois de raisonnement.

— Que dis-tu là, mon mignon ! La théologie, une science simple ! Pas deux mots de raisonnement ! Certes, il est simple, pour les cœurs naïfs, de reconnaître un Dieu et de borner là leur science, ce qui leur permet d’être savants à peu de frais. Mais les esprits inquiets, une fois Dieu trouvé, en font leur Dieu. Chacun a le sien, qu’il a abaissé à son niveau, afin de le comprendre ; chacun défend son idole, attaque l’idole d’autrui. De là un effroyable entassement de volumes, une éternelle matière à querelle : les façons d’être de Celui qui est, la meilleure méthode de l’adorer, ses manifestations sur la terre, le but final qu’il se propose. Le ciel me garde de vulgariser une telle science ; je tiens trop à mon bon sens.

Médéric se tut, ayant l’âme attristée de ces mille vérités qu’il remuait à la pelle. Sidoine, ne l’entendant plus, hasarda une enjambée et arriva droit en Chine. Les habitants, leurs villes et leur civilisation l’éton-