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HISTOIRE EUBÉENNE.


temps ainsi, sans avoir aperçu personne, lorsque je rencontrai un cerf qui venait de tomber du haut des rochers ; il était étendu au bas de la falaise, battu par les flots, et respirait encore. Quelques instants après, il me sembla entendre des chiens donner de la voix au-dessus de moi ; mais je distinguais à peine, à cause du bruit de la mer. Je continuai à avancer, et, ayant gravi à force d’efforts un escarpement assez élevé, j’aperçus les chiens en défaut qui couraient çà et là J’en conclus que ranimai, forcé par eux, s’était précipité du haut des rochers. Un moment après arriva un homme qu’à son extérieur et à ses vêtements je reconnus pour un chasseur. Son menton n’était point rasé ; ses cheveux, rejetés en arrière, lui donnaient une apparence de distinction et de noblesse. Tels Homère nous dépeint ces Eubéens qui vinrent à llion et qu’il raille un peu, ce semble, parce que, moins soigneux de leur parure que les autres Grecs, ils ne se coiffaient que la moitié de la.tête. Il m’adressa le premier la parole : « Étranger, dit-il, n’aurais-tu pas vu un cerf fuir quelque part de ce côté ? — Oui, lui répondis-je, il est ici ; déjà même les flots commencent à le gagner. » Et, le conduisant à l’endroit où il était, je le lui montrai. Je l’aidai de mon mieux à le retirer de l’eau et à le dépouiller avec son couteau de chasse ; puis il détacha les cuisses de derrière et les emporta avec la peau. En même temps il m’invita à l’accompagner jusqu’à sa demeure, qu’il disait peu éloignée, pour manger avec lui du produit de sa chasse : a Demain matin, me dit-il, après avoir passé la nuit chez nous, tu pourras revenir au bord de la mer ; car pour le moment elle n’est pas encore redevenue navigable. Au reste, que cela ne te préoccupe pas ; moi aussi je voudrais bien voir tomber ce vent qui règne depuis cinq jours ; mais il n’y a guères de chances quand les sommets de l’Eubée sont enveloppés et pressés par les nuages, comme lu les vois aujourd’hui. » En même temps il me demanda