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LUCIUS.


pée. Pour moi, on me fait reporter en bas et on me donne anx soldais. On rit longtemps à gorge déployée de cet âne qui, de dessous les toits avait signalé et trahi son maître ; c’est même de mon escapade que date ce proverbe bien connu : « Gare l’âne à la fenêtre. r>

XLVI. Ce qui advint du jardinier mon maître, je l’ignore ; pour moi, dès le lendemain, le soldat mo vendit au prix de vingt-cinq drachmes attiques. Celui qui m’acheta était serviteur d’un homme excessivement riche de Thessalonique, la plus grande ville de Macédoine. Son office était de faire la cuisine de son maître. Il avait avec lui un frère, esclave comme lui, très-habile à faire le pain et à confectionner les pâtisseries. Ces deux frères étaient inséparables : ils logeaient ensemble ; le même local réunissait confondus tous leurs ustensiles. Ils m’installèrent moi-même dans leur logis. Après le dîner du maître, ils rapportaient tous deux force reliefs, l’un de la viande, du poisson, l’autre du pain, des gâteaux. Ils déposaient le tout au logis, le laissaient à ma garde, et s’en allaient baigner. Disant alors un long adieu à ma ration d’orge, je m’adonnai à l’art, aux profits de mes maîtres, et je me bourrai de ces mets réservés à l’homme, dont j’étais depuis si longtemps sevré. Dans les commencements, ils ne s’aperçurent pas, en rentrant, de ma gloutonnerie ; car il n’y paraissait guère sur la quantité, et puis je mettais encore dans mes larcins quelque timidité et quelque discrétion. Mais, une fois bien sûr qu’ils n’y voyaient rien, je tombai sur les meilleurs morceaux que je dévorais en compagnie de beaucoup d’autres choses. Quand ifs finirent par s’apercevoir du déficit, ils se soupçonnèrent d’abord l’un l’autre, se traitèrent de pillards, d’impudents, de voleurs du bien commun ; cela leur donna du soin, et ils firent dès lors compte exact des morceaux.

XLVII. Cependant, je menais bonne et joyeuse vie :